Alors que les ministres d’une soixantaine de pays se sont retrouvés à Paris pour préparer la conférence mondiale sur le climat COP21, les rapports alarmistes s’accumulent. Pourtant, dans notre région des lueurs d’espoir existent aussi.
Une soixantaine de ministres représentant autant de pays sont actuellement à Paris pour accélérer les négociations vers un accord mondial pour limiter le réchauffement climatique à +2°C. Le ministre des Affaires étrangères et futur président de la conférence sur le climat COP 21, Laurent Fabius, doit présenter les conclusions de ces travaux ce mardi.
A l’échelle planétaire, les divergences sont encore nombreuses. Il y a quelques semaines, le projet d’accord faisait 55 pages et comportait encore de nombreuses questions à trancher comme l’aide financière des pays du Nord à ceux du Sud pour financer leurs politiques climatiques, ou la répartition de l’effort contre le réchauffement entre pays industrialisés, émergents et pauvres.
Au-delà de +2°c, les scientifiques prédisent des conséquences dramatiques sur les écosystèmes et les économies comme des inondations à répétition et des sécheresses. Et les rapport s’accumulent.
Vendredi, l’ONU affirmait que les engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre, présentés par 146 pays au 1er octobre, aboutiraient à une hausse probable de la température comprise entre +3 et +3,5°C à l’horizon 2100, avec pour conséquence de faire partiellement disparaître des villes comme New York, Shanghai, Bombay, ou Hong Kong sous les eaux.
Risque alimentaire: Madagascar inquiète
La Banque mondiale aussi s’alarme. Ce dimanche, elle affirmait que la planète compterait 100 millions de personnes supplémentaires vivant dans l’extrême pauvreté d’ici à 2030 si aucune action n’est prise pour le climat. «Les plus pauvres sont non seulement plus exposés mais ils perdent beaucoup plus quand ils sont frappés par des fléaux car leur patrimoine se résume souvent à du bétail ou à leur logement. Il peut être complètement détruit lors d’un choc», explique Stéphane Hallegatte, économiste à la BM qui a dirigé ce rapport.
La banque mondiale établit également une liste de pays qui seraient en première ligne sur les questions alimentaires : leurs rendements agricoles baisseraient sans que leur richesse leur permette d’avoir recours à des importations pour compenser. L’institution est particulièrement inquiète pour Madagascar.
Partout, des initiatives
Partout, des lueurs d’espoirs existent. Ainsi, dans les Outre-mer les initiatives se multiplient face aux enjeux du changement climatique. Le rapport d’information demandé par la délégation aux Outre-mer de l’Assemblée nationale à 3 députés, dont Ibrahim Aboubacar, pointe certes nos vulnérabilités en tant que territoires marins face à l’augmentation de la température des océans, la mise en péril des écosystèmes et la violence accentuée des tempêtes et cyclones. Mais il rappelle aussi les actions déjà menées comme la transition vers les énergies renouvelables, les stratégies d’adaptation du «trait de côte», la protection de l’habitat ou la transformation des activités agricoles.
Partout aussi, des scientifiques s’émerveillent de la capacité d’adaptation de la nature. Ainsi, une quinzaine de scientifiques réunionnais ont assisté la semaine dernière en Afrique du Sud au symposium du Western Indian Ocean Marine Science Association (WIOMSA) qui réunit tous les deux ans les chercheurs en sciences marines de la zone.
Des actions, des résultats
Si le bilan marin de la région demeure inquiétant, on a aussi appris que certaines espèces de coraux semblent s’adapter au changement climatique. Pascale Chabanet, directrice de l’IRD-Réunion, a également découvert le travail de certaines ONG comme à la baie d’Antongil, au nord de Madagascar. «Il y a 10 ans, il n’y avait plus de poisson, plus rien. Une aire protégée a été créée en lien avec les habitants. Aujourd’hui, les résultats sont là et les poissons sont revenus». D’une manière générale, la chercheuse explique que l’écotourisme fait des progrès considérables dans l’océan Indien. «De nombreuses communautés ont intégré l’idée qu’un mérou vivant avait plus de valeur qu’un mérou mort».
Le directeur général de l’Institut de recherche et de développement, Jean-Marc Châtaignier, en visite la semaine dernière à la Réunion, expliquait que dans l’océan Indien, l’IRD planche sur les questions climatiques, notamment la paléoclimatologie. «Cela consiste à voir quel était le climat ici dans la région il y a plusieurs milliers d’années, pour voir comment cela a évolué dans le temps», a-t-il expliqué à nos confrères réunionnais.
L’extinction des voitures à Maurice
Enfin, dernière initiative en date dans la zone, celle de Maurice qui veut changer le mode de vie de ses habitants en réduisant de 77% le nombre de voitures sur ses routes. Le gouvernement a devant lui 7 mesures posées dans un rapport : l’optimisation par le numérique avec le travail à domicile pour éviter de se déplacer ; l’amélioration des transports en commun (déjà bien utilisés) ; la mise en place d’un péage urbain ; la différenciation des horaires de travail pour éviter les heures de pointe actuelles ; le développement du covoiturage, et enfin, la relocalisation des pôles d’activité.
Très complet, ce rapport a modélisé l’application de tout ou partie de ces solutions : si on applique cinq d’entre elles, en oubliant le péage et l’amélioration des transports en commun, il y aurait diminution de 30% du nombre de véhicules circulant quotidiennement dans l’île. Mais si toutes les dispositions étaient appliquées, le trafic pourrait baisser de 77%… dès 2020.
Mayotte pourrait être bien inspirée de suivre l’exemple alors que selon l’IEDOM, 1.240 voitures neuves ont été immatriculées dans notre département sur les 6 premiers mois de l’année.
RR
Le Journal de Mayotte