Une belle somme dont a failli être privée Mayotte. Mais le préfet Seymour Morsy se veut rassurant, ces fonds iront bien à la politique de nos villes avant la date butoir.
Alors que notre territoire souffre de dotations déficientes, est en manque d’investissements, que les communes déficitaires ne peuvent engager de budget pour l’action sociale, seuls 18% des crédits affectés à la politique de la ville étaient consommés en ce début novembre.
Le commissaire général délégué à l’égalité des territoires, Raphaël Le Mehaute, a d’ailleurs adressé au préfet de Mayotte un courrier d’alerte, informant que « tous les crédits qui ne seront pas engagés avant le 27 novembre seront donc définitivement perdus pour votre département. »
Car, sur prés de 3 millions d’euros, plus exactement 2,863 M€, seuls 513.000 euros ont été engagés en vue d’être consommés. Ce qui pose un problème de « cohérence et de crédibilité sur le terrain », appuie Raphaël Le Mehaute. Difficile en effet de demander davantage de moyens lorsqu’ils ne sont pas consommés.
Mobilisation indispensable des communes
Plusieurs explications à cela : « Nous n’avions ni l’ingénierie, ni les projets, ni l’engagement des communes pour les consommer », explique le préfet de Mayotte. Seymour Morsy est d’ailleurs catégorique, « tous les fonds seront consommés d’ici la fin du mois. » Les contrats de ville sont là pour ça.
Les nouvelles procédures d’accès à ces fonds sont aussi en cause : « avant une seule plateforme régissait les sommes. Maintenant, il faut passer par tout un tas de comités et commissions », explique un connaisseur du dossier.
Le risque était donc fort de voir cette année ces crédits s’envoler alors qu’ils avaient pratiquement été intégralement consommés jusqu’à présent. Pour éviter d’en arriver là, notre interlocuteur évoque la possibilité pour le Commissariat général à l’égalité des territoires (CGET), l’ex Agence nationale pour la cohésion sociale « de faire des reports de crédits ». Alors que pour le préfet, « seul la mise en place d’une programmation pluriannuelle pourrait éviter de devoir se repositionner chaque année », tout en donnant plus de lisibilité à l’action communale.
Il faut aussi que lesdites communes se mobilisent pour acquérir la connaissance des nouveaux mécanismes et se doter des compétences adaptées. Des financements existeraient pour les ressources humaines, avec des recrutements indispensables en chargés de mission de la politique de la ville ou des chefs de projets.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte