Miss Mayotte : la robe est retirée

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Miss Mayotte devra se rhabiller pour le conseil départemental. Sa représentante a ordonné hier de retirer la robe sur laquelle les créatrices travaillaient depuis trois mois. Tous les acteurs dénoncent tout bas une politisation de l’affaire de la robe de Miss Mayotte.

Les jambes ceintes de la queue de l'hippocampe déposée par Viviane
Finitions de la robe par Viviane Bellais

L’association Wama qui organise pour le Comité miss France les élections des miss à Mayotte, s’est réunie hier à 17h30. Il s’agissait de se positionner sur la polémique soulevée par la confection en kofia de la robe de miss Mayotte.

La conseillère technique de la présidente du Comité départemental du tourisme (CDTM) a tranché en indiquant qu’elle ne reconnait pas Mayotte à travers cette robe. « Un non catégorique, sans même saluer la qualité du travail effectué », constate Franck Servelle, représentant du Comité Miss France à Mayotte.

C’est évidemment l’effondrement du côté de la créatrice mahoraise Viviane Bellais, de Sada, et de son assistante Solène Faure, qui ont passé trois mois à travailler sur la robe, « dont tous nos week-ends ». Elle défendait son point de vue en rappelant que c’est une robe haute-couture, « appelée à figurer en bonne place dans un musée comme celui du quai Branly, notamment sur l’utilisation des techniques du kofia. »

Menaces

Assemblage de bandes de kofia
Assemblage de bandes de kofia

Pour le conseil départemental, le kofia est trop associé aux hommes qui s’en coiffent pour aller à la mosquée, et s’oriente vers le salouva qu’il juge plus emblématique de l’île. Viviane Bellais y voit une occasion perdu de sanctifier un art de tissage qui se perd à Mayotte : « nous n’avons plus Guerlain et les ylangs, il ne nous restait plus que cet artisanat à défendre. »

Le pire, c’est que le thème avait été envoyé au CDTM, qui avait accepté que miss Mayotte soit toute de kofia vêtue, « le ministère de la Culture a d’ailleurs été emballé », souligne la créatrice. Une incompréhension qui est arrivé par les réseaux sociaux, qui ont fait pencher la balance. Et incité le conseil départemental à aller dans le même sens. « Sa représentante nous a même fait comprendre qu’elle pourrait ne pas nous suivre sur les prochaines élections », rapporte Franck Servelle. Cette année le département a versé 80.000 euros.

La robe va continuer à vivre

Le salouva porté par les femmes Mahoraises
Le salouva porté par les femmes Mahoraises

Cette robe va néanmoins être mise à l’honneur au FIMA, le Festival International de la Mode Africaine, « elle va faire le tour du monde », confirme Viviane Bellais, qui lui prédit un bel avenir.

La présidente de l’association Wama, Stanisla Saïd, la Miss Mayotte 2012, s’est montrée solidaire du conseil départemental, « mais elle subit également des pressions », atteste un participants à la réunion. C’est en tout cas elle qui a désormais la charge de trouver rapidement la robe régionale que portera Miss Mayotte. Et ce ne sera pas du sur-mesure, la belle s’envolant vendredi pour Paris.

Ce serait donc une robe-salouva que portera Ramatou Radjabo pour le défilé traditionnel. « Rien de local ! », reprochent Franck Servelle, découragé, et Viviane Bellais. Elle compte bien demander un dédommagement pour ce revirement, « notamment au Comité organisateur de miss France. »

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

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