Une stratégie est mise en place sur l’ensemble du pays pour limiter au maximum l’emploi de pesticides, réputés nocifs à la santé du consommateur. C’est le plan « Ecophyto » qui s’applique depuis peu à Mayotte. Il s’accompagne de gestes simples de prévention, encore difficiles à adopter ici. Nous avons pourtant un nouveau papillon à abattre.
Avec Ecophyto, il s’agit de réduire l’utilisation des produits pesticides en deux temps : de 25% d’ici 2020 et d’autant en 2025. A Mayotte, on n’en est encore qu’aux prémices, puisque le Plan a été lancé il y a un an seulement. Pour sensibiliser les agriculteurs, des spots TV et des annonces radio sont diffusés depuis quelques semaines.
Porté par la CAPAM, la Chambre d’agriculture, de la pêche et de l’aquaculture de Mayotte, en partenariat avec la Direction de l’agriculture, de l’alimentation et la forêt (DAAF), le Lycée agricole de Coconi, la CIRAD et la coopérative COOPAC, le plan Eco phyto a rallié 9 exploitants agricoles de Mayotte. « Les plus gros, seuls susceptibles de tenir une comptabilité et un registre phytosanitaire », explique Brice Bouvard, Chargé de la surveillance biologique du territoire à la CAPAM, sous la responsabilité d’Ibrahim Fonte, Chef du service végétal.
Papillon ravageur
Difficile d’avoir accès aux petits exploitants familiaux donc, tant qu’ils ne sont pas structurés. Le travail se fait parallèlement sur la distribution d’Equipements de protection individuel, lors des relevés par la CAPAM, « 300 combinaisons, masques et gants sur les 500 dont nous disposons. »
Et le combat est mené actuellement contre un nouveau parasite, détecté en août sur notre île, le Tuta Absoluta : « c’est un papillon ravageur de la tomate qui vient d’Amérique du sud. Un plan de surveillance est mené sur l’ensemble du territoire. » En une semaine, 120 captures ont été opérées sur l’île, dont 72 à Tsararano et Dembéni où le risque est considéré comme fort. Les feuilles des plants se décolorent, et des trous sont faits dans les fruits par les chenilles.
Des méthodes de prévention sont recommandées, comme l’observation régulière des cultures, l’effeuillage des plants atteints, leur destruction par brûlage, le nettoyage des caisses de récolte, « mais elles ne sont pas toutes suivies », déplore Brice Bouvard.
Un Ecophyto qui peut porter ses fruits, c’est le cas de le dire, avec les gros producteurs, mais qui aura encore besoin de faire remonter les informations vers les plus petits, la raison de leur présence au Salon de l’Agriculture…
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte