Abdeslam Salah est devenu l’homme le plus recherché au monde alors que l’enquête progresse. Les Parisiens mettent en scène leur retour aux terrasses de café. Les musulmans de métropole craignent des amalgames. Le point sur la situation ce lundi matin.
Tout d’abord le bilan qui rappelle l’ampleur inédite de cette vague d’attentats, deux jours après les événements. Ce lundi matin, il est un peu plus lourd qu’hier. Il fait état de 132 morts et plus de 415 blessés pris en charge par les hôpitaux parisiens, blessés physiquement ou en état de choc. Parmi les 80 admis en «urgence absolue», ils sont encore 42 en réanimation.
L’enquête progresse du côté de la Belgique. Sept personnes y ont été interpellées. Le cas de frères français a frappé les esprits. Ils auraient habité à Bruxelles et figureraient parmi les auteurs présumés des attentats de Paris. Le premier est mort boulevard Voltaire, le deuxième est actuellement en garde à vue, et le troisième, Abdeslam Salah, est devenu l’homme le plus recherché au monde. La Belgique a émis un mandat d’arrêt international et la police française a diffusé son portrait.
Conséquence de ces attentats, la France a intensifié ses frappes en Syrie et a détruit deux camps d’entraînement, a indiqué le ministère de la Défense. Ces frappes, menées à 19h50 et 20h25 (heures de Paris), ont visé un lieu qui servait de poste de commandement, de centre de recrutement djihadiste et de dépôt d’armes et de munitions. Un 2e objectif abritait un camp d’entraînement terroriste. Le raid a impliqué 10 avions de chasse engagés simultanément à partir des Emirats arabes unis et de Jordanie, et 20 bombes ont été lâchées.
Une minute de silence à 14 heures
Alors que ce dimanche marquait le premier des trois jours de deuil national, la journée a été marquée par des rassemblements en hommage aux victimes parfois très impressionnants dans de nombreuses villes françaises et à travers le monde. Un autre JDM, le Journal de Montréal, parle de marée humaine au Québec, la police annonce entre 15.000 et 20.000 personnes à Copenhague, la capitale du Danemark. A La Réunion, plus d’un millier de personnes a répondu à l’appel de la ligue des droits de l’homme.
Un nouveau rassemblement s’est tenu hier dimanche à Mamoudzou. L’intersyndicale convie la population, samedi à 15 heures place de la République, à un moment en mémoire aux victimes.
Une minute de silence sera observée à midi (heure de Paris) dans toute la France. Il sera donc 14 heures à Mayotte.
Recueillement et état d’urgence
Le président François Hollande observera cette minute de recueillement à l’université de la Sorbonne, à Paris, «car parmi les victimes, figurent beaucoup de jeunes et d’enseignants», a indiqué l’Elysée. La Sorbonne est un «symbole de Paris, notre pays, la jeunesse, le savoir», a ajouté l’Elysée.
Le président est ensuite attendu à Versailles. A 16 heures (heure de Paris), il prononcera une allocution dans la salle du Congrès du Château où l’ensemble des parlementaires (Assemblée nationale et Sénat) sera réuni. François Hollande, veut «rassembler la nation dans cette épreuve».
Mercredi, le président pourrait présenter un projet de loi en conseil des ministres, pour prolonger de trois mois l’état d’urgence décrété vendredi soir. Le texte devra passer devant le parlement : toute prolongation de l’état d’urgence au-delà de 12 jours doit être validée par les parlementaires.
Dissolution de mosquées
Le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve, invité au journal de 20 heures de France 2, a affirmé avoir entamé des démarches pour la «dissolution de mosquées dans lesquelles des acteurs appellent ou profèrent la haine». «Je n’ai pas attendu l’état d’urgence pour m’attaquer aux prêcheurs de haine mais l’état d’urgence doit nous permettre d’être plus rapide», a-t-il indiqué.
De son côté, le collectif de cyber-pirates Anonymous s’engage à «traquer Daech». Dans un communiqué vidéo, il annonce vouloir lancer «l’opération la plus importante jamais réalisée» à ce jour en réponse aux attentats qui ont frappé Paris.
Des actes anti-musulmans
En métropole, des musulmans sont inquiets et craignent amalgames et représailles. Des inscriptions ont été découvertes sur les murs de la mosquée de Créteil et sur les portes d’une salle de prière musulmane à Oloron-Sainte-Marie, dans les Pyrénées-Atlantiques, selon l’Observatoire contre l’islamophobie du Conseil français du culte musulman (CFCM). Un homme d’origine maghrébine, aurait également été passé à tabac samedi à Pontivy (Morbihan) lors d’une manifestation contre les migrants d’un groupuscule identitaire.
Le président de l’Observatoire contre l’islamophobie, Abdallah Zekri, s’attend «à plus d’actes antimusulmans après les événements dramatiques de vendredi», a-t-il expliqué. Après les attentats contre Charlie Hebdo, 21 actions (tirs, grenades lancées…) et 33 menaces (lettres, insultes, etc.) avaient été relevées en 5 jours. Il regrette le «silence un peu inquiétant» qui entoure, depuis vendredi, les premières manifestations d’hostilité. «Je suis persuadé que ce phénomène va se renforcer. Je ne peux donc qu’appeler les musulmans de France à la prudence», déclare le secrétaire général du CFCM.
Ne pas sombrer
A Paris, la vie reprend doucement son cours. Sur la place de La République, devant le Bataclan et les cafés environnant les attaques terroristes de vendredi, des milliers de personnes sont à nouveau venues déposer des fleurs, des bougies et des messages ce dimanche.
La plupart des monuments et des établissements scolaires, culturels ou sportifs vont rouvrir aujourd’hui lundi. Mais les Parisiens n’ont pas attendu pour entrer en résistance. Le mot-dièse «Je suis en terrasse» se multiplie sur les réseaux sociaux, avec des photos de parisiens réinvestissant les cafés. Enfin la devise de Paris «Fluctuat Nec Mergitur», je tangue mais ne sombre pas, devient un hymne de combat.
RR
Le Journal de Mayotte