La cité des métiers présentait ce mardi une salle de vidéoconférence. Le nouvel équipement vient parachever deux années de monter en puissance d’un outil au service du développement économique.
Quand Mayotte se donne les moyens de rattraper ses retards, le succès peut être rapidement au rendez-vous. C’est la démonstration faite par la cité des métiers. Elle avait obtenu un accord de principe d’Univers sciences qui détient le label «cité des métiers» le 5 avril 2013. Le département a délibéré le 30 avril suivant pour une ouverture en août de la même année. «Ils ont été bluffés par la rapidité de la mise en œuvre du projet. A La Réunion, ils ont mis 2 ans pour faire la même chose», se félicite Bacar Achiraf, le président de la cité des métiers de Mayotte.
Deux ans plus tard, les institutions nationales qui chapeautent ces cités pourraient être tout autant surprises. Car Mayotte s’apprête à rendre des comptes, et notre département a un beau dossier à présenter. Doté du label «projet», la cité des métiers mahoraise doit prouver à présent qu’elle a rencontré son public, ses partenaires et que ses missions sont bien remplies. L’objectif est de décrocher le label de façon définitive.
Un outil au service de l’emploi
«Les partenaires sont essentiels car l’équipe n’est là que pour huiler les rouages. Ceux qui la font vivre, ce sont tous ceux qui ont signé un partenariat avec nous et qui en ont fait un outil», souligne Bacar Achiraf. Ils sont une quinzaine à avoir signé: La couveuse d’entreprise Oudjerebou, le centre de bilan de compétence, le vice-rectorat, la mission locale, l’Adie, les CEMEA, Ladom, le BSMA, le CRIJ, la BGE, le CCI, des associations… Chacun, avec ses problématiques liées à l’emploi, à la formation professionnelle et aux métiers, s’est approprié la structure.
Hier mardi, Pôle emploi réunissait par exemple des chefs d’entreprises pour présenter l’ensemble des dispositifs disponibles à Mayotte en terme de contrats aidés. «C’est une session intéressante parce que nous cherchons à faire venir tous les publics. Et les chefs d’entreprise doivent aussi nous considérer comme un lieu qui peut leur être utile».
Le public est toujours plus nombreux avec près de 9.000 visiteurs enregistrés en 2015 alors que l’année n’est pas terminée. Les jeunes, particulièrement les moins de 26 ans, forment le gros des usagers. D’où l’importance de toucher d’autres publics, les chefs d’entreprises mais aussi les salariés.
Amener la cité hors de Mamoudzou
«Nous avons un 2e défi à relever, c’est amener la cité de métiers auprès de ceux qui ne peuvent se rendre facilement dans nos locaux», relève Bacar Achiraf. Ainsi, avec le vice-rectorat, le partenariat vise à porter l’information sur les métiers, les filières et la formation professionnelle directement dans les écoles. Ce mercredi par exemple, quatre classes de 4e seront sensibilisés aux métiers de journaliste ou greffier, comme d’autres l’ont été sur, par exemple, la profession de «géomaticien», «une profession qui mêle géographie et informatique, un métier d’avenir à Mayotte où on a des besoins importants en cartographie», souligne le directeur.
L’arrivée de la Cité des métiers répondait à Mayotte à un véritable besoin alors que nos jeunes manquaient souvent d’ambition faute de pouvoir se projeter dans des professions. «C’est malheureusement encore vrai. Il y a encore beaucoup de fausses représentations sur de nombreux métiers et des orientations que l’on choisit par défaut sans qu’il y ait de vrais débouchés. D’où l’importance de ce travail pour que Mayotte puisse former des jeunes pour des postes dont elle a besoin».
Un centre d’examen
La mise en service de la salle de visioconférence, présentée ce mardi, permet à la cité de développer de nouvelles missions. La présentation à peine achevée, des étudiants sont d’ailleurs venus suivre un cours dispensé par l’université de La Réunion.
Formation à distance ou entretiens d’embauche, la ligne sécurisée permet de multiples applications. «On va même pouvoir réaliser des oraux d’examen», s’enthousiasme Bacar Achiraf. Voilà une mission que la cité des métiers n’avait pas anticipée et qui est pourtant devenue une réalité. Elle est devenue un centre d’examens pour Mayotte avec des épreuves qui se déroulent à distance. Un argument de plus à verser au dossier pour obtenir le label final.
RR
Le Journal de Mayotte