Un moment de communion et une leçon de « vivre ensemble » pour le rassemblement à Mamoudzou en hommage aux victimes des attentats.
« Même si nous n’avons pas les mêmes pratiques, nous avons les mêmes valeurs. Aucune religion ne peut tolérer ce qui s’est passé. Nous avons le même Dieu. L’Humanité n’a pas de couleur. » Nous avons condensé en une citation les témoignages des cadis, des prêtres, du pasteur et du représentant de la communauté indienne, lors du rassemblement contre le terrorisme ce mercredi après-midi à Mamoudzou.
Initialement, c’est l’Intersyndicale pour l’égalité sociale qui avait lancé le mouvement. Le rassemblement devait avoir lieu samedi. « Mais les cadis nous ont demandé de l’avancer, pour montrer notre solidarité nationale », explique Rivomalala Rakotondravelo, secrétaire du SNUipp.
Tout le monde avait donc rendez-vous place de la République à 15h30 ce mercredi. Très peu a répondu présent, mais ce fut un moment fort, très symbolique. D’abord par la présence de la vice-recteur aux côtés des syndicalistes, mais aussi et surtout, par la prière partagée: les cadis musulmans, les deux prêtres catholiques, le pasteur protestant et le représentant de la communauté indienne Borha.
Pour le pasteur, « c’est un privilège de pouvoir partager à Mayotte cette solidarité avec mes amis cadis ». « C’est un signe que nous sommes de la même famille », témoigne en écho le Père Bienvenu, prêtre de la Mission catholique, « nous sommes tous enfants de Dieu, nous devons porter ce message de tolérance ». Alors que Moïse Issoufali pour la communauté indienne évoquait la tristesse partagée, « nous sommes là pour la République. »
Elmamouni Mohamed Nassur dénonçait ces radicalistes qui « se cachent derrière une religion contre laquelle ils sont en opposition complète ». Nathalie Costantini, la vice-recteur, était là pour « se retrouver et faire cause commune ».
Après une minute de silence, les religieux musulmans entonnaient une douan, courte prière, avant que la foule entonne de concert « Paris, c’est nous » et conclut sur la Marseillaise.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte