Malgré l’état d’urgence, les manifestations ne sont pas interdites, pour peu qu’elles soient encadrées. Un risque que ne veulent pas prendre les syndicats. Dans un courrier au préfet, ils font le point sur leurs revendications.
«Face aux risques de débordements, l’Intersyndicale préfère éviter toute manifestation dans la rue», explique au JDM Rivomalala Rakotondravelo, secrétaire départemental du SNUipp-FSU.
Une réponse à l’autorisation préfectorale de rassemblement sous conditions de liberté de circulation. Les grévistes ont en effet été stoppés net ce week-end dans leur initiative d’«Opération mangrove» de blocage des accès de Mamoudzou, par les attentats de Paris qui imposent dans un premier temps le deuil, puis une solidarité nationale. Une manifestation sans actions n’est donc pas envisageable pour eux.
Le préfet dans son point presse sur l’état d’urgence hier, annonçait deux rencontres avec les partenaires sociaux ces 25 et 27 novembre, «pour connaître leurs priorités en terme de transposition du code du travail, puis pour mobiliser l’ensemble des acteurs du territoires sur les leviers à activer pour améliorer l’attractivité du territoire.»
Concernant la transposition du Code du travail, Seymour Morsy rappelait que la mission Ledème, du nom de ce haut fonctionnaire spécialiste du droit du travail, arrive à Mayotte du 2 au 11 décembre 2015 pour étudier les propositions prioritaires de l’Intersyndicale. Qui prend acte.
Pour l’instant, la divergence se situe essentiellement sur deux points. La reconstitution de carrière en vue des retraites tout d’abord. La ministre Pau-Langevin a acté la prise en compte de toutes les années travaillées à partir de 2009, année de passage des agents de la collectivités de Mayotte dans le corps transitoire vers l’intégration. En le soumettant quand même à un examen personnalisé des cotisations.
« Mais cela fait 20 ans que je suis enseignant!», revendique un syndicaliste. Dans un courrier au préfet daté du 18 novembre, ils réclament donc que l’intégralité des carrières soit intégrée dans le calcul des retraites.
Et sur l’indexation ensuite, qu’ils souhaitent à 53% quand elle en atteindra 40 en 2017: «Nous regrettons que ne soit pas acté le principe d’une révision du taux d’indexation des salaires, ce que nous demandons à nouveau», indiquent les syndicats dans le même courrier.
Quant à l’attractivité, un homme interpellait Rivo lors du rassemblement «Je suis Paris» place de la République ce mercredi: «Quelle attractivité ? Vous ne pensez pas qu’avec le soleil et le lagon, l’attractivité est meilleure que lorsqu’un enseignant est muté à Sarcelles!» Ce qui n’a pas tout à fait convaincu le syndicaliste qui indique au préfet avoir «déjà fourni à plusieurs reprises des propositions pour remédier à cet état de fait. Nous demandons une évolution de la réglementation».
Pour l’Intersyndicale, le mouvement n’est que partie remise: «Nous nous réservons pour la levée de l’état d’urgence», annoncent-ils. Entre-temps, les négociations auront peut-être porté leurs fruits.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte