La clef du développement de Mayotte est en chacun d’entre nous

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Le tout, c’est de la trouver. La liste des handicaps du territoire est longue, celle des atouts aussi, mais nous la visualisons mal, à entendre le consultant Bernard Alvin. Il invite à oser, à dépasser nos propres barrières.

Mohamed Assani Abdou présentait la Master Class
Mohamed Assani Abdou présentait les valeurs du Centre des Jeunes Dirigeants

C’est une master class un peu particulière à laquelle étaient conviés mardi soir à l’ESCG les membres du Centre des Jeunes Dirigeants (CJD) de Mayotte. La deuxième organisée par ce plus ancien mouvement patronal français, composé de chefs d’entreprises et de cadres dirigeants, et qui se singularise par ses valeurs humanistes, en « replaçant l’homme au centre de l’entreprise », ainsi que le rappelait ce mardi soir Mohamed Assani Abdou, son président.

Particulière, parce qu’animée par Bernard Alvin, Consultant en stratégie Ressources Humaines qui œuvre à la révélation des potentiels de chacun, elle donnait presque exclusivement la parole aux participants sur le thème des spécificités mahoraises : « sont-elles des atouts ou des handicaps pour le développement du territoire? Peut être que tout n’est pas qu’atouts, ou que handicaps, seulement questions de nuances, de contextes et de moment… »

La quarantaine de personnes présentes, chef de service à la Dieccte, sénateur, directrice de la Chambre d’Agriculture, enseignant, chefs d’entreprise, a pu exprimer ses ressentis, parfois sur le mode de cercle des traumatisés du développement anonymes. Avec Bernard Alvin en chef d’orchestre donnant à la fois le tempo et un semblant de corps au morceau.

La stratégie de développement de l’île, une donnée inconnue

Bernard Alvin en chef d'orchestre discret
Bernard Alvin en chef d’orchestre discret

Exercice ardu que de définir les atouts et handicaps de Mayotte. Chacun dans son domaine évoquait qui l’insuffisance de formation et les manquements de l’Education nationale, qui une agriculture laissée pour compte, qui l’absence d’engagement et de pérennité des projets, ou au contraire, les atouts du plurilinguisme, ceux d’un territoire stable politiquement ou d’un environnement africain en plein développement.

Mais plus qu’une liste, il s’agit de dégager des points de convergence, entre les atouts d’un côté, les handicaps de l’autre, pour rendre l’ensemble fongible vers une évolution positive.

Or la stratégie de développement de l’île n’a jamais été abordée sous cet angle dans ce jeune département. Et même rarement abordée du tout, avec une vision de moyen et long terme par les élus. « Du statut de département, envisagé comme solution à tous les problèmes », comme le rappelait Thani Mohamed Soilihi, à la nécessité d’une « force de proposition », tel qu’incitait Bernard Alvin, il y a encore une marge que quelques politiques commencent à peine à franchir.

« Tout se passe dans la tête »

Une participation de chacun qui créée l'émulation
Une participation de chacun qui créée l’émulation

Reste à définir notre modèle économique actuel et le projeter : doit-on, comme questionne Yacine Chouabia, passer en tant qu’économie en voie de développement, par les stades d’évolution du secteur primaire (agricole), puis secondaire (industriel) vers le tertiaire (les services), ou peut-on s’en exonérer en fonçant sur le développement numérique facilement accessible, ou en proposant le schéma de l’Economie sociale et solidaire, cher au sénateur, qui rallie les vertus sociétales mahoraise ?

Autant que les politiques « qui ne devraient être élus que sur des programmes », comme le rappelait Jacques Launay, c’est chacun d’entre nous qui doit se regarder dans la glace, car « tout se passe dans la tête », pour Bernard Alvin. « ‘Si tu ne réussis pas, tu iras planter des patates’, une sentence rabâchée aux enfants », déplorait Nailaty Boura M’Colo. Une phrase qu’on peut tout aussi bien entendre en métropole. Est ce donc cette menace qui fait la différence, ou la manière dont on va la transcender ou bien au contraire s’y soumettre ?

On s’en doute, c’est cette réaction personnelle pour positiver toute situation et éviter l’auto flagellation ou le misérabilisme, que retiendra Bernard Alvin dans le compte rendu qu’il transmettra au CJD : « souvent, les obstacles, c’est nous qui nous les mettons. Il y a toujours 1.000 raisons de ne pas faire », concluait-il, en rappelant que, si chacun devait connaître son propre rôle, il fallait un chef d’orchestre.

Il émergera peut-être d’un des participants à la master class de ce mardi soir… mais tout leader charismatique est de toute façon prié de se faire connaître !

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

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