Mayotte, l’île qui pèse 1,68 milliard d’euros

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L’INSEE a dévoilé le montant du PIB pour 2012. L’ensemble de la richesse produite dans notre département augmente de 6,8% par rapport à 2011. Nous sommes 4 fois moins riches que la France entière mais 13 fois plus que les Comores.

Christian Monteil, le responsable des comptes économiques de Mayotte, et Jamel Mekkaoui, directeur de l'antenne mahoraise de l'INSEE
Christian Monteil, le responsable des comptes économiques de Mayotte, et Jamel Mekkaoui, directeur de l’antenne mahoraise de l’INSEE

C’est le chiffre du jour : 1,68 milliard d’euros. Le PIB de Mayotte pour 2012 a été dévoilé par Christian Monteil, le responsable des comptes économiques de Mayotte et Jamel Mekkaoui, le responsable de l’antenne mahoraise de l’INSEE ce lundi matin. Il était attendu car il permet de mesurer l’impact sur l’activité du grand mouvement social contre la vie chère. Un premier constat s’impose: en 2012, le PIB progresse de 6,8%, c’est quasiment 2 points de moins que la moyenne constatée entre 2005 et 2011.

Le principal moteur de la croissance est la consommation des ménages qui a augmenté de 60 millions d’euros en 2012 suivi de l’investissement (FBCF) en progression de 43 millions d’euros. Les dépenses des administrations publiques sont en revanche en retrait, ce qui peut s’expliquer par une augmentation beaucoup modérée que les années précédentes du nombre de nouveaux fonctionnaires, peut-être un premier signe de perte d’attractivité après le mouvement social.

Le facteur toujours très pénalisant pour le PIB de Mayotte est la balance commerciale. Pour 1 euro exporté, Mayotte importe pour 23 euros. Les importations participent ainsi à une réduction de 27% de notre richesse.

Le PIB par habitant en 2012 à Mayotte
Le PIB par habitant en 2012 à Mayotte

Le secteur privé progresse mais reste encore d’une taille modeste. La valeur ajoutée des sociétés non financières augmente de 11% mais le secteur privé ne représente encore que 21% de la richesse de Mayotte, contre 32% à La Réunion et 51% dans la France entière. Ce sont les administrations publiques qui font plus de la moitié de notre richesse (51%) contre 17% pour toute la France.

Loin derrière la France entière, loin devant nos voisins

A Mayotte, le PIB par habitant progresse lui aussi mais moins vite que la richesse globale. Avec +4% sur un an, il s’établit à 7.940€/habitant en 2012. Mayotte reste quatre fois moins riche que la moyenne nationale (31.000€/habitant) et 2,5 fois moins riche que les autres DOM (19.400€/habitant).

En revanche, lorsque l’on prend les comparaisons régionales, nous sommes très loin devant les Comores (13 fois plus riche que les 3 autres îles de l’archipel où le PIB/habitant est de 590€) et encore plus de Madagascar. Nous sommes 23 fois plus riches que la Grande Île où le PIB/habitant est d’à peine 340€.

Pouvoir d’achat stable

38.000 familles à Mayotte dont plus de 50% de familles nombreuses
Des Mahorais 4 fois moins riches que les métropolitains mais 13 fois plus riches que les Comoriens

Si la richesse de Mayotte augmente, le pouvoir d’achat des ménages est bien moins dynamique. Le «revenu disponible des ménages» est en quasi-stagnation en 2012 avec une tout petite progression de 0,5%. Le pouvoir d’achat moyen est de 5.600€/habitant.
Si le niveau global des salaires augmente, l’INSEE relève que les transferts sociaux restent encore limités. Ils ne représentent que 8% des revenus disponibles (29% à La Réunion, 34% en métropole où les retraites et les allocations chômage pèsent bien plus qu’à Mayotte). Mais ce montant devrait progresser dans les années à venir, en particulier grâce à la montée en puissance du RSA.

Au final, il est difficile d’analyser avec précision l’évolution de la richesse de Mayotte tant l’impact du mouvement social contre la vie chère avait impacté les chiffres de 2011 avec encore des conséquences en 2012, de rattrapage sur les investissements reportés mais aussi sur l’attractivité.

Nous disposons donc du PIB de 2012 et l’INSEE prévoit d’accélérer la publication des chiffres dans les années à venir. «Une fois qu’on disposera de 3 ‘enquêtes entreprises’ annuelles et que le fonctionnement des administrations sera totalement normalisé, nous pourrons sortir des ‘comptes rapides’ pour donner des indicateurs avant les chiffres définitifs», explique Christian Monteil. «Pour Mayotte, on est au début de l’histoire statistique», rappelle Jamel Mekkaoui.
RR
Le journal de Mayotte

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