C’est la première fois à Mayotte qu’est construit un bâtiment collectif en accession sociale. En hauteur donc. Même s’il n’a que trois étages, gageons qu’il devrait faire des petits sur une île à forte croissance démographique.
Jusqu’à présent, les habitants se voyaient proposer des pavillons individuels, comme c’est le cas à Poroani. Mais impossible de poursuivre en étalement faute foncier ainsi que le rapporte la maire de Chirongui, Roukia Lahadji : « le Plan local d’urbanisme prévoit 700 logements d’ici 2017. La rareté foncière nous contraint à trouver d’autres solutions, surtout qu’il faudra répondre à d’autres programmations dans les années à venir. »
Si l’extension au sol est problématique, on va donc élever les bâtiments en hauteur. Mais attention, on se garde bien de parler d’immeubles ici, « toutes la habitations sont en R+3. On s’est demandé si les mahorais allaient accepter, si cela n’allait pas freiner leur habitudes de partage de repas avec leurs grosses marmites », poursuit la maire.
Un espace pour les festivités mahoraises
Dans les prochaines multi-habitations, un espace devrait d’ailleurs être dédié aux maoulidas shengué et autres festivités. C’est en tout cas ce qu’annonce Joland Khaldi, le directeur de HSPC, Habitat social à Prix Coûtant, qui a construit le bâtiment de 13 appartements dont la première pierre a été posée ce lundi matin dans le lotissement pavillonnaire de Pororani.
Il rappelle les conditions des accessions sociales (LAS) et très sociale (LATS) : « les appartements qui vont du T2 au T5 ont été vendus à 1.400 euros le mètre carré tout compris. L’Etat prend en charge une partie, et les crédits des propriétaires sont le plus souvent couverts par les aides de la Caisse d’allocations familiales. »
Ali Zalihata est une heureuse nouvelle propriétaire d’un T2 : « mes enfants sont grands. Je vis actuellement seule dans un banga en tôle à Poroani », son sourire dit son impatience d’investir son nouveau logement. Elle a seulement déboursé 1.900 euros d’apport personnel, et devra faire peintures et carrelage. Propriétaire grâce aux aides de l’Etat et de la mairie qui a cédé le terrain.
Justement, c’est en accord avec la mairie que le promoteur a voulu une mixité sociale, puisqu’un appartement a été acheté en accession libre, sans aides sociales.
Pour cette grande première d’habitat collectif en accession, se pose la question d’un syndic pour gérer les parties communes, que la mairie va accompagner, « nous avons d’ailleurs rencontré à Paris le directeur des régies des territoires à ce sujet », indique Roukia Lahadji.
La densification des logements devient quasiment incontournable sur une île dont la population croit de 2,7. Souhaitons que les futures émules de la commune de Chirongui restent sur un programme aussi murement réfléchi.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte