Les conseillers départementaux se sentent un peu comme un ménage privé de dépenser sans l’accord de leur banquier : leur budget est désormais dans les mains de la Chambre régionale des comptes.
Saisie à la demande du préfet, la CRC devra se prononcer sur les économies à entreprendre, les mesures à mener pour revenir à l’équilibre. Nul doute que le chapitre 012 de la charge de personnel sera pointée du doigt, ce que ne refuse pas Ben Issa Ousseni, vice-président chargé des finances : « sans aller jusqu’au licenciement, il faut agir sur les contrats de type Contrats uniques d’insertion. En reconduisant ceux qui sont en place, mais sans en signer de nouveaux. »
Aucun mécontentement affiché chez l’élu qui fonde même un certain espoir sur cette saisine : « c’est handicapant de ne pouvoir voter de délibérations à incidence financière. Nous aurions pu ‘faire semblant’, et ne pas voter de décision modificative pour ne découvrir le déficit de 45 millions d’euros qu’à la fin. Mais en jouant franc jeu, nous pouvons entamer des négociations avec l’Etat. »
Nous avions détaillé les « incompréhensions » soulignées par le département. L’une d’entre elles est en cours de discussions, « les 16 millions d’euros de fiscalité que l’Etat nous réclame comme trop perçus. » S’il y renonçait, le département pourrait commencer l’année 2016 avec un déficit ramené à 29 millions d’euros. « Nous devons être reçu à Bercy le 14 décembre pour discuter des autres postes comme le manque à gagner de 7 millions d’euros sur le RSA. »
A ce sujet, nos confrères de France Guyane rapportaient que le préfet de Guyane avait interpellé les ministères de l’Intérieur et des Outre-mer sur le décalage de compensation de son département en terme de RSA.
Ben Issa Ousseni le sait, l’Etat fonctionne, à minima, sur le mode « Aide toi, le ciel t’aidera ». Il faut donc prouver ce que l’on sait faire, « nous ne devons absolument pas creuser le déficit par nos dépenses, et travailler sur nos recettes comme l’harmonisation des indemnités des agents du conseil départemental, qui pourrait nous faire économiser 2 millions d’euros, et l’optimisation de notre foncier, avec des parcelles sur lesquelles nous ne percevons aucune location, pour un gain proche de 3 à 4 millions d’euros. »
Des rapports ont malgré tout été votés, « certains avec une incidence financière, qui peuvent donc être annulés à tout moment… »
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte