Cette matinée de la 4e journée du procès de l’affaire Roukia a été marquée par les réquisitions du procureur qui demande 8 ans de prison ferme contre Mathias Belmer, des peines de sursis contre les membres du GIR, un an de prison ferme et du sursis pour les informateurs. Les parties civiles réclament un total de 320.000 euros de dommages et intérêts.
Peu avant midi, les réquisitions du ministère public dans le procès de l’affaire Roukia sont tombées. Après avoir minutieusement retracé le fil de l’histoire ou plutôt des histoires –celle du parcours du sachet de drogue et l’autre directement liée à la mort et au recel du corps de Roukia Soundi- Joël Garrigue a demandé que tous les prévenus soient déclarés coupables des différents chefs de poursuites qui pèsent sur eux.
Mathias Belmer est celui contre lequel la plus lourde peine est demandée : 8 ans de prison ferme et mandat de dépôt. Le procureur a longuement dénoncé le cynisme dont il a fait preuve alors que «le corps d’une jeune fille se décompose petit à petit dans son appartement». Loin d’être abasourdi ou accablé, «son comportement, ses actes sont en désaccord total avec l’esprit qu’il essaie de nous décrire», celui d’un homme sidéré face au choc.
Contre Frédérique Blondel, qui l’avait aidé à transporter le corps, le procureur requiert 4 mois de prison ferme, qui correspondent à la période de détention provisoire qu’elle a déjà effectuée.
Pour Vincent Hoarau, prévenu périphérique dans cette affaire, poursuivi pour détention de stupéfiants, le parquet demande 6 mois de prison avec sursis. «Il a pris ses responsabilités, il a montré une maturité qui est réelle», a estimé le procureur.
Prison ferme pour les indics, avec sursis pour les membres du GIR
Concernant le volet GIR du dossier, le procureur s’est référé à la jurisprudence de la cour de cassation qui s’attache à établir la responsabilité des uns et des autres à des degrés différents, «au fur et à mesure qu’on s’éloigne de la victime». Dans ce volet de l’affaire, les 4 hommes sont poursuivis aussi pour homicide involontaire.
Saïd Hamada M’zé était «quelqu’un qui rapporte de belles affaires au GIR et aussi de belles affaires pour lui». Brillant indicateur du GIR qui avait amené 85% des prises, on lui reproche d’être également un revendeur de cannabis. Impliqué dans la vente de la poudre, le procureur demande contre lui 3 ans de prison dont un an ferme, sans mandat de dépôt.
Pour Daniel Mohamed, qui a vendu les 2 grammes de poudre, le parquet a requis 2 ans de prison dont un ferme, sans mandat de dépôt.
Neuf mois de prison avec sursis ont été requis contre Daniel Papa qui a manipulé l’enveloppe dans laquelle était rangée la drogue et qui affirme depuis le départ qu’il n’en connaissait pas le contenu. «J’ai expliqué que je ne souscrivais pas à ses déclarations tendant à dire qu’il ne savait pas», a précisé le procureur.
Enfin dernier acteur du dossier, Jérémy Bouclet, à qui on reproche d’avoir pris possession de la poudre, de l’avoir détenu en dehors de tout cadre légal, transporté, et qui selon le procureur s’est rendu complice par ordre donné de la remise de l’enveloppe et donc de la cession, en plus du chef d’homicide involontaire. Pour lui, le parquet réclame 2 ans de prison intégralement assortis de sursis.
320.000 euros demandés par la famille
Plus tôt dans la matinée Me Mansour Kamardine et Me Mohamed Idriss avaient défendu les intérêts de la famille de Roukia Soundi. Nous aurons l’occasion d’y revenir. Ils ont demandé un montant très important de dommages et intérêts à payer solidairement. Pour Roukia, ils demandent 150.000 euros à verser à sa mère, pour le préjudice de sa mère 60.000€, pour sa tante 20.000€ et enfin 30.000€ pour chacun de ses 2 frères et sa sœur. Le total de ces sommes atteint donc 320.000 euros auxquels s’ajoutent 20.000€ de frais d’avocat.
L’après-midi de ce jeudi qui sera donc la dernière journée de ce procès va se poursuivre avec les plaidoiries des avocats de la défense.
RR
Le Journal de Mayotte