Une matinée « so british » au lycée de Kawéni

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Les collégiens de classe de 3ème européenne de M’gombani se muaient en clients anglophones ce lundi matin. Les élèves de Bac technologie leurs servaient un breakfast des plus appétissant. Une mise en situation profitable à chacun.

Porridge, cup of tea et fried eggs au menu à Kawéni
Porridge, cup of tea et fried eggs au menu à Kawéni

« Would you have some milk, please ? » C’est avec un look de salon de thé british que le lycée de Kawéni accueillait ses visiteurs ce lundi matin. Car les élèves de la section Bac Technologie avaient concocté un breakfast, « plus exactement un cooked-breakfast », nous souffle à l’oreille James Pritchard qui, en tant que britannique, et professeur d’anglais au collège de M’gombani, est tout à son affaire.

Les plateaux passent, chargés d’œufs brouillés, de « cup of tea » ou de porridge. Les visiteurs sont les élèves de 3ème européennes de M’gombani. Faute de pouvoir faire financer un lointain voyage en Angleterre, leur enseignante d’anglais, Anta Keita-Seck, avait décidé que c’était l’Angleterre qui viendrait à eux, avec une première édition en 2014 : « Ils ont à leur programme ‘Découvrir l’ici et l’ailleurs’. Nous avions étudié virtuellement la culture britannique, nous nous y confrontons aujourd’hui. »

Un cuistot sicilien pour les pan cakes

De gauche à droite : Claire Anedda, Anta Keita-Seck, Guiseppe Anello, James Pritchard, et, debout, Rémy Ravel
De gauche à droite : Claire Anedda, Anta Keita-Seck, Guiseppe Anello, James Pritchard, et, debout, Rémy Ravel

Un échange gagnant-gagnant, comme notre époque les aime, puisque les Bac technologiques ont ainsi pu avoir la confirmation que l’art culinaire britannique existe bien, souvent moqué en France, et s’y former.

Une filière qu’a contribué à implanter Remy Ravel, le professeur de restauration. Issus de seconde générale, les jeunes de Bac Technologie spécialité hôtellerie-restauration pourront ensuite se diriger vers un BTS. Plus des trois quarts d’entre eux s’envoleront en juillet-août vers la métropole pour se perfectionner dans de grandes chaînes hôtelières.

« Aujourd’hui, c’est une application très intéressante pour nous », indique-t-il, tout en reprenant ses élèves sur le service, « par la gauche mademoiselle », ou la tenue du duo cuillère-fourchette d’une seule main. Des parfums très british, pour des plats cuisinés par un… sicilien, Guiseppe Anello : « la principale difficulté pour eux aujourd’hui est de préparer les œufs à la demande, brouillés, coques ou au plat. Mais nous travaillons en brigade, chacun son job ! »

Servir dans la langue de Shakespeare, un challenge

Les élèves de Bac Technologie hôtellerie-restauration
Les élèves de Bac Technologie hôtellerie-restauration

Mais en aparté, les élèves révèlent leur vrai challenge de la journée : « déjà, c’est compliqué de s’adresser au client, mais là, il faut le faire en anglais !! » Ils ont eu une formation spécifique sur le vocabulaire des inoubliables « pan cakes » ou les « beans » anglais. Un avantage : ils évitent ainsi de chatouiller les oreilles délicates comme peut le faire cette élèves : « le seul plat que j’ai pas aimé, c’est les ‘zaricots’ ».

Leur professeur d’espagnol, Claire Anedda, n’en perd pas une miette : « nous allons reproduire cet événement en thème hispano-anglosaxon. » Elle est parvenue à amener sa classe en Espagne l’année dernière, avec financement du vice-rectorat et d’entreprises partenaires, ce qui incite les anglophones à envisager un déplacement à Maurice.

Pendant ce temps, les « clients » d’un matin et leurs serveurs échangent dans la langue de Shakespeare, une mise en situation qui aura porté ses fruits… sans gelée !

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

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