La gratuité des soins : « Il n’y aura pas plus d’afflux », selon Etienne Morel

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Une note de service émise par le directeur du Centre Hospitalier de Mayotte (CHM), rend les soins gratuits pour tous depuis fin novembre  à Mayotte. L’établissement se met ainsi en règle avec la loi. Mais l’Etat doit mettre les moyens pour rendre vivable pour tous la générosité de son système de santé.

Etienne Morel, directeur du CHM
Etienne Morel, directeur du CHM

Jusqu’à présent, et officiellement, les femmes enceintes en situation irrégulière sur le territoire devaient s’acquitter d’une somme de 300 euros pour pouvoir accoucher au CHM. La Défenseure des droits des enfants, missionnée par Jacques Toubon, avait dénoncé cette entorse à l’ordonnance du 31 mai 2012 qui garantit la gratuité des soins en France.

En réalité, les étrangers en situation irrégulière bénéficient en métropole de l’Aide médicale d’état (AME), qui ne s’applique pas à Mayotte. Aucun gouvernement n’a souhaité la transposer par crainte d’appel d’air de migrants en provenance d’Anjouan et des autres îles des Comores.

Prés de 9.000 accouchements cette année

En se pliant à la loi, Etienne Morel, le directeur du CHM, que nous avons contacté, se dit soulagé : « Je n’étais pas à l’aise, nous étions régulièrement pointés du doigt par différentes associations. De plus, cela créait des tensions permanentes au niveau des entrées de l’établissement. » Il ne craint pas pour autant un afflux de femmes enceintes : « Cela ne changera rien. Nous avons déjà depuis septembre 2014 une augmentation régulière des naissances, qui vont atteindre le record de 9.000 accouchements en 2015. »

Ce n’est pour lui qu’un vase communiquant de financements : « Peu de femmes enceinte payaient en réalité. Nous allons perdre environ 300.000 euros de recettes sur 150 millions versés par l’Agence régionale de Santé. Qui devra juste compenser la différence. »

L’ARS, donc l’Etat, qui, s’il impose un accueil non différencié des malades, doit en principe mettre les moyens qui vont avec, sous peine d’exclure un peu plus une population dont la majorité vit sous le seuil de pauvreté et qui a de plus en plus de mal à accéder aux services publics engorgés par le flux migratoire.

Etienne Morel semble optimiste à ce sujet, « on nous a promis des moyens supplémentaires, nous sommes écoutés par l’ARS. »

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

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