Contrats de ville : risque d’échec sans les compétences

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La dernière à signer son contrat de ville sera Mtsangamouji le 16 décembre. Mais si la préfecture est enthousiaste, les communes sont inquiètes sur les moyens humains qui doivent accompagner ces actions territoriales.

Le préfet Seymour Morsy et Mohamed Bacar le maire de Tsingoni signe le contrat de ville de la commune
Le préfet Seymour Morsy et Mohamed Bacar le maire de Tsingoni signent le contrat de ville de la commune

Le mois dernier, le commissaire général délégué à l’égalité des territoires, Raphaël Le Mehaute, avait alerté le préfet Seymour Morsy sur le risque de perdre 2,3 millions d’euros alloués à la politique de la ville s’ils n’étaient pas engagés avant le 27 novembre. Le préfet de Mayotte nous avait alors rassuré : la globalité de l’enveloppe serait bien consommée, essentiellement au travers des contrats de ville, dont les affectations étaient en cours. Il donc fallu mettre les bouchées doubles.

Les services de l’Etat viennent de communiquer sur les détails de la mise en œuvre des 17 contrats de ville signés d’ici le 16 décembre 2015, et valables 5 ans. Un communiqué peu clair, qui dégage néanmoins les trois piliers de la politique de la ville : Cohésion sociale, Emploi et développement économique et Cadre de vie et renouvellement urbain.

Pas d’explications sur les enveloppes

Des signatures qui engagent le futur de nos communes jusqu'en 2020
Des signatures qui engagent le futur de nos communes jusqu’en 2020

Chaque commune aura défini ses actions que le JDM avait présentées en détail, et celles de ses partenaires associatifs départementaux. « Ainsi ce sont prés de 350.000 euros qui sont pré-affectés sur 3 ans », indique la préfecture dans un communiqué, « et 112 porteurs auront été financés, pour plus de 4 millions d’euros de projets pour le territoire de Mayotte. » Et 2,3 millions de crédits additionnels qui seront consommés sur la politique de la ville.

Du côté des communes, on est moins optimiste. Un des DGS nous indique que les réunions se sont tenues lors de la signature des contrats de ville, destinées à capitaliser les projets réalistes et finançables en vue d’un lancement opérationnel rapide. Mais qu’ensuite, les enveloppes ont été distribuées « sans qu’aucune clé de répartition des crédits ne soit explicitée », sans que les moyens soient réellement mis en face des objectifs. Pourquoi telle somme sur tel quartier, par exemple. Autre question, « quand percevront nous effectivement ces crédits ? »

« On entretient la précarité »

Médiateurs de proximité sous les yeux de Sylvie Especier
Des médiateurs de proximité accueillaient la ministre Pau-Langevin

L’autre grand axe du contrat de ville, c’est le soutien à l’ingénierie des communes pour leur permettre de mener à bien leurs projets. C’est là que la difficulté est la plus grande. Les mairies font en effet remonter des problèmes de compétences, de formation, « mais très peu de l’enveloppe y est affectée ».

La préfecture détaille les moyens humains mis en œuvre : « D’ici début 2016, ce sont 15 Chargés de Mission Ville communaux et 1 intercommunal, 15 coordonnateurs de CLSPD communaux et 1 intercommunal (en contrat d’avenir), 23 Adultes Relais et 222 médiateurs de proximité (en Contrat Unique d’Insertion) qui œuvreront sur les territoires de la nouvelle géographie prioritaire. »

Le terme « Contrat unique d’Insertion », fait bondir un professionnel du recrutement : « ce sont des emplois aidés, précaires, destinés à des personnes sans qualifications, sur des courtes durées… Résultat, on maintien les gens dans la précarité et on souhaite avec du bricolage participer à la construction d’un département ! »

La bonne personne pas au bon endroit

Il conseille aux communes de ne pas rester dans un système cofinancé, mais de se doter eux-mêmes des compétences nécessaires. Et pour celles qui n’en ont pas les moyens, d’espérer qu’elles tombent sur la perle rare, qui devra bénéficier d’un plan de formation renforcée jointe au contrat, et pour la recruter à l’issue.

Des propositions qu’il faudrait adapter aux besoins aussi, « pour le CLSPD, on impose des personnes de moins de 30 ans alors que leurs interlocuteurs sont le procureur ou la gendarmerie, ce qui nécessite une certaine expérience, alors que les adultes relais doivent avoir plus de 30 ans, quand ils sont positionnés sur des tâches qui correspondent à des jeunes qui ont la connaissance de leur quartier… », nous explique toujours le même professionnel. A savoir que personne ne veut être mentionné sur ce dossier.

Un bel outil donc que ces contrats de ville, mais qui s’ils ne sont pas bordés, donneront le même résultat que par le passé… Et on se demande encore comment au SMIAM une seule classe est sortie de terre malgré les 10 millions d’euros alloués.

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

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