Réunionnais-Mahorais : pour en finir avec la méfiance

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Face à l’incompréhension persistante entre les deux communautés dans l’île Bourbon, les Secours Catholique des deux îles ont organisé une semaine de camp à Mayotte. Avec des résultats éloquents…

Aprés la visite du Jardin botanique de Coconi, opération nettoyage à Kawéni, devant K2
Après la visite du Jardin botanique de Coconi, opération nettoyage à Kawéni, devant K2

Les deux îles françaises de l’océan Indien travaillent à leur rapprochement. C’est habituellement sur ce terrain qu’on rencontre la Délégation de Mayotte à La Réunion. Cette fois, c’est le Secours Catholique qui a tenté une action concluante.

De niveau de développements inégal, La Réunion est souvent vue comme la grande sœur qui centralise les décisions par une Mayotte en quête de modèle, de compétence, et qui ne gère plus son évolution de société. Deux cultures différentes, avec un multiculturalisme plus marqué à La Réunion au territoire 6 à 7 fois plus grand, mais sous un même drapeau, qui commande de mieux se connaître. Les Mahorais n’ont en effet pas la cote dans l’île Bourbon, où on leur reproche de faire bande à part.

Les antennes du Secours Catholique des deux îles ont choisi de trouver un biais en proposant à leurs jeunes de découvrir leurs réalités sociales, économiques et culturelles respectives. Ils sont donc douze réunionnais à avoir été accueillis par le même nombre de Mahorais sur notre île cette semaine.

Bien guidé, pas d’insécurité à Kawéni !

Luan et Ladji
Maxime et Rachid

 

« A La Réunion, on ne se mélange pas », confirme d’emblée Margot. Certains sont élèves au lycée privé Levavasseur à Saint-Denis, qui a signé un partenariat avec le Secours Catholique Réunion, d’où sont issus les autres jeunes.

Réunionnais et Mahorais ont passé la semaine à arpenter l’île, mont Choungui, N’Gouja, Jardin de Coconi, mais en commençant par visiter Kawéni, le quartier dont les mahorais sont issus, et que les réunionnais appellent « le bidonville de Kawéni » : « Nous ne nous y sommes jamais sentis en insécurité, ni d’ailleurs dans le reste de l’île », affirment-ils, « mais on avait un bon guide avec Radji ! »

Interpellé, le jeune homme sourit, un lien s’est tissé avec Paul le Réunionnais : « Nous avons un projet musical, du rap ! », avancent-il en se tenant par les épaules.

Ambassadeurs du partage

Ils logeaient tous ensemble à Mtsangabeach
Ils logent tous ensemble à Mtsangabeach

« C’est incroyable ! A La Réunion, les Mahorais nous fuient, ici, ils nous accueillent super bien et viennent vers nous. Pendant qu’on nettoyait devant K2 tout à l’heure, il y a même un monsieur qui a arrêté sa voiture pour nous aider », témoigne Margot.

Une différence qu’ils arrivent à expliquer au bout d’une semaine, « peut-être qu’à La Réunion, n’étant pas chez eux, certains se sentent en impunité pour faire n’importe quoi… », alors que Luan préfère évoquer une crainte, « je pense qu’ils ont un complexe d’infériorité et que du coup ils se renferment ».

Quant à améliorer la relation de manière plus globale, la tâche est ardue, « mais ils seront les ambassadeurs du partage qu’ils ont vécus ici », rapporte Ludovic Dubois, animateur du Secours Catholique Réunion. Il est d’ailleurs très surpris de la facilité d’échanges : « Tout est allé très vite, au bout d’une journée, ils avaient déjà tissé des liens à travers les activités proposées. »

L’objectif est évidemment d’organiser un échange inversé, « nous allons essayer faire venir nos amis Mahorais lors de la fête des 70 ans du Secours Catholique. »

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

La Délégation de Mayotte à La Réunion

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