Dans un contexte de croissance mondiale ralentie, Mayotte ne fait pas mieux au 3ème trimestre 2015, selon l’IEDOM dans sa note conjoncturelle 3èT 2015.
Pourtant, dans la région, les Seychelles et Maurice s’en tirent plutôt bien, la première boostée par son activité touristique, la seconde par la consommation des ménages.
A Mayotte, le climat des affaires s’est dégradé au troisième trimestre 2015 après plusieurs trimestres d’attentisme. Son indicateur, l’ICA, perd 3,2 points par rapport au trimestre précédent : peu de réalisations au troisième trimestre, confirmant ainsi les anticipations des chefs d’entreprises, et leurs craintes sur leur trésorerie.
L’Etat, en accélérant la Rupéisation de Mayotte, a hypothéqué son développement économique avec des retards pris dans la mise en œuvre des programmes européens, mais aussi dans le Contrat de projet Etat-région qui va de pair. « Ce décalage, conjugué aux difficultés financières des collectivités locales sensées porter une grande partie de ces projets, alimente chez les entreprises un certain manque de visibilité vis-à-vis de l’évolution de la conjoncture », indique l’IEDOM.
Espoir d’ « une dégradation moins forte »
De plus, la consommation des ménages et l’investissement, autre moteur de la croissance, se contractent, provoquant une baisse autant dans les importations que dans les exportations. Petite lueur d’espoir a minima, « Si les chefs d’entreprise n’anticipent pas encore une reprise au trimestre prochain, ils espèrent tout de même une dégradation moins forte de leur activité », indique l’IEDOM.
On l’a vu avec le dernier bulletin de l’INSEE, l’indice des prix diminue sur un an de 0,2% du fait de la forte chute des prix de l’énergie (-5,7 %) et des produits manufacturés (-3,4 %), qui masque une augmentation des prix des services marchands (2,9 %). Et le taux de chômage à Mayotte est de 23,6 %, en forte hausse par rapport à 2014, du fait du nombre croissant d’officialisation des situations des sans emploi auprès du Pôle emploi.
Légère hausse pour l’activité touristique
Une analyse par secteur fait apparaître une activité d’exportations est quasi stable dans la filière aquacole. Dans le BTP, « après plusieurs trimestres successifs de baisse d’activité, les chefs d’entreprise déclarent un courant d’affaires qui continue de se dégrader mais à un rythme moindre qu’au deuxième trimestre. » Les anticipations des professionnels du secteur pour le quatrième trimestre restent toujours pessimistes. L’orientation de la conjoncture dans le secteur du BTP demeure affectée par un manque de visibilité certain des chefs d’entreprise sur l’évolution de leurs carnets de commandes.
L’activité du secteur du commerce est stable, et l’activité a même ralenti alors que les chefs d’entreprise du secteur espéraient une progression dans la continuité des résultats observés au deuxième trimestre.
Dans le secteur des services marchands, l’activité reste quasiment stable à un niveau jugé bas par les entrepreneurs. Ils estiment cependant bénéficier d’une amélioration légère de leur trésorerie. Pour le quatrième trimestre, l’activité dans le secteur devrait rester stable.
Dans un contexte où le nombre de vols commerciaux diminue (-0,6 % sur le trimestre et -10,9 % sur un an, CVS), l’activité touristique enregistre, néanmoins, un trafic passager légèrement en hausse. Le nombre de passagers à l’aéroport de Dzaoudzi a augmenté de 1,3 % sur le trimestre et de 0,5 % sur un an.
A.P-L.
Le Journal de Mayotte