CARNET DE JUSTICE DU JDM. Les scènes de violence rapportées par les gendarmes et les policiers ont été nombreuses lors du week-end de Maoulida et de Noël, mais celle-ci avait marqué les esprits. Dans la nuit du dimanche 27 au lundi 28 décembre, un jeune homme s’en était violemment pris à des membres de sa famille, dont sa tante et sa grand-mère et avait détruit une partie de leur habitation à Labattoir.
Le jeune, âgé de 20 ans, était jugé en comparution immédiate cette semaine. C’est un garçon, effondré par le long récit de son comportement et de sa dépendance à la chimique, qui se tenait tête baissée à la barre. Il faut dire qu’il s’en est pris aux deux femmes qui l’ont élevé, celles qu’il appelle ses deux mères. Et après un long silence, les yeux rougis, il a fini par craquer.
Une colère de plus de 24 heures
Cette nuit-là, tout est parti d’une question de sa tante. Elle ne comprend pas avoir reçu une relance d’EDM pour une facture d’électricité non-payée alors qu’elle lui a confié 42€. Le jeune homme en a gardé une partie. Car il a des besoins à satisfaire: il consomme des stupéfiants depuis 2008, il est dépend à la chimique. Et ce dimanche soir, il est en manque.
La remarque ne lui plaît pas. Il entre dans un état de colère et de déchainement dont il ne sortira qu’après la piqure d’un médecin lors de la prolongation de sa garde à vue, plus de 24 heures plus tard.
Dans un premier temps, il s’en prend à sa tante. Il la frappe avec un banc avant de se jeter sur elle et de l’étrangler. Les témoins racontent les yeux exorbités de la malheureuse alors que son neveu criait «je vais te tuer». Seule l’intervention des voisins arrêtera le jeune à temps. Il va alors s’attaquer au banga, un domicile en tôles toujours bien ordonné et bien propre. Il casse la télé, le buffet, le congélateur, avant de mettre le feu à un matelas. Il jettera finalement de l’eau dessus pour éteindre l’incendie.
Il frappe sa grand-mère
Il n’a plus aucune limite. Il va même coller une gifle à sa grand-mère, une dame âgée qui habite dans le banga d’à côté. Tout le monde est terrifié au point que la sœur de sa grand-mère, handicapée, est contrainte de ramper pour sortir de l’habitation et tenter d’échapper aux foudres du garçon.
Les voisins ont peur du jeune. Certains ne témoigneront d’ailleurs qu’après avoir reçu l’assurance que leur nom ne sera pas cité. Mais cette fois-ci, ils appellent tout de même les gendarmes. L’arrivée des forces de l’ordre décuple encore sa violence. Le jeune surgit avec un bâton puis jette un banc dans leur direction. Les gendarmes sont contraints de demander des renforts pour parvenir à maîtriser l’individu et l’interpeller.
Placé en garde à vue, il va passer les premières 24 heures à insulter les gendarmes, à les menacer de mort : «enlève les menottes que je te frappe», «je te retrouverai, je vais de tuer», dit-il à un gendarme, le «grand black» auquel il s’en prend particulièrement. Ce n’est donc qu’après l’intervention d’un médecin qu’il va commencer à se calmer, à parler et à reconnaître les faits. «Je ne me souviens pas de tout. J’étais en manque de chimique. A cause de ça, je fais des choses que je regrette», explique-t-il.
Prise de consience
Il va finir par pleurer dans la gendarmerie, comme à la barre du tribunal. Alors qu’il n’a pas encore réussi à prononcer un mot, il se tourne vers sa tante et sa grand-mère, tombe à genou devant elles et s’effondre en pleur, implorant leurs excuses. Les gendarmes le relève. Il s’agrippe alors à la barre submergé par les sanglots. Plus tard, il se tournera aussi vers les 4 gendarmes victimes eux aussi des violences pour présenter des excuses, visiblement sincères.
Le jeune homme n’a pourtant pas encore fini d’être accablé : la juge Amélie Bard va lister les 6 mentions à son casier judiciaire, ses condamnations à des heures de travail d’intérêt général, la prison avec sursis qui s’est à plusieurs reprise transformée en prison ferme, entre 2012 et début 2015. La magistrate détaille aussi l’examen psychiatrique réalisé en urgence. Il en ressort une personnalité «antisociale», intolérante à la frustration, «incapable de tirer les leçons de ses expériences» et un jeune finalement décrit comme «dangereux pour autrui du fait de sa personnalité et de sa dépendance».
Une lourde peine
Pour la procureur Prampart, «il ne s’agit pas de se réfugier derrière cette consommation de chimique pour tenter d’excuser, d’atténuer ce qui a été fait». La consommation de stupéfiants est, à l’inverse, une circonstance aggravante.
Me Hessler, l’avocat du jeune acquiesse mais pour lui, «il faut trouver une solution adaptée, une réponse judiciaire» qui amène le jeune à se soigner. «On ne change pas un toxicomane en détention», plaide-t-il.
Mais face aux faits, le tribunal ne va pas l’entendre. Suivant les réquisitions de la procureure, le jeune homme est condamné à 3 ans de prison dont 2 ferme suivis d’une mise à l’épreuve de 2 ans. L’obligation de se soigner est ajoutée à la peine.
Seul, un des 4 gendarmes a demandé des dommages et intérêts qu’il a obtenus : 200 euros, qu’il souhaite verser à l’association des orphelins de la gendarmerie.
RR
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