Les chiffres ne sont pas encore définitivement stabilisés mais une chose est sûre : le CHM a pulvérisé son record du nombre de naissance annuel. L’inversion de tendance depuis le recensement est maintenant spectaculaire, justifiant les annonces financières du ministère de la santé et une réunion de l’intersyndicale.
«Le compteur des naissances s’affole à nouveau». Le JDM aurait pu reprendre son titre du 17 août dernier, tant l’information est largement confirmé en ce début janvier. Pour la première fois, les naissances au centre hospitalier de Mayotte (CHM) ont dépassé le cap des 9.000 en une seule année. Elles pourraient même atteindre les 9.200 en 2015, selon les informations du JDM, réparties entre les 4 maternités des hôpitaux «périphériques» de Dzoumogné, Kahani, Mramadoudou et de Petite Terre et la maternité centrale de Mamoudzou.
Selon les rapports d’activités de la maternité, après les 6.644 naissances de 2013 et les 7.374 bébés de 2014, un total de 9.200 naissances représenterait une augmentation de 24% d’une année sur l’autre, du jamais vu.
La saturation de l’activité dénoncée sans relâche par le personnel soignant depuis de longs mois devient à présent une réalité statistique. Car si l’ensemble des sites connaît une augmentation, l’essentiel des naissances est réalisé à Mamoudzou, où le plateau technique est plus important, alors que le taux d’occupation de la maternité y était déjà de 117% en 2014.
Ce déséquilibre avait conduit à mettre en place un système de transfert des jeunes mamans vers les autres hôpitaux immédiatement après leur accouchement pour soulager l’hôpital central et libérer des lits.
Nécessaires «rotations sanitaires»
Si ces «procédures dégradées» sont indispensables pour ne pas asphyxier totalement le site de Mamoudzou, il n’est pas sans poser de questions sur la sécurité des femmes concernées et de leur bébé. Mais la question du choix ne se pose plus. Car, si le CHM a ouvert 20 lits supplémentaires en maternité au mois d’août dernier, ils sont loin d’être suffisants pour répondre aux besoins d’un hôpital lancé dans une course sans fin.
Le système des «rotations sanitaires» est donc loin d’être terminé et au-delà de la maternité, c’est toute «la chaîne» de la petite enfance à l’hôpital qui fait face à un afflux de patients, comme la néonatologie et la pédiatrie.
Réalité «difficile»
«Cette forte progression de l’activité signifie, qu’avec nos partenaires, nous devons envisager des hypothèses difficiles», expliquait au JDM la direction de l’hôpital du CHM au mois d’août. Le ministère de la santé semble avoir compris que ces hypothèses sont devenues une réalité. L’annonce d’un déblocage de 4 millions d’euros au titre de 2015 et de 10 millions d’euros pour 2016 annoncé par le sénateur Thani Mahomed Soilihi il y a quelques jours n’est effectivement probablement pas étranger à ces chiffres.
Etienne Morel, le directeur du CHM, qui présente ses vœux aux personnels demain mercredi, en dira peut-être un peu sur le fléchage de ces budgets, pour rassurer la population sur la capacité du CHM à faire face à ce baby-boom mais aussi pour tenter d’apaiser des soignants au bord de la rupture. Les vœux du directeur seront en effet doublés d’un autre rendez-vous important à l’hôpital, celui de l’intersyndicale qui pourrait décider d’un éventuel mouvement social.
Aujourd’hui, inévitablement, la question se pose de savoir jusqu’où ira le nombre des naissances, l’hypothèse des 8.500 naissances en 2015 évoqué au mois d’août dernier ayant été pulvérisé. Peut-on dépasser les 10.000 en 2016 ? Tout semble l’indiquer du côté des tendances statistiques, à moins que nous n’ayons atteint un nouveau pic, ce que personne ne semble croire au CHM.
RR
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