La mairie de Mamoudzou présentait ce mardi après-midi le plan paysage élaboré par un cabinet spécialisé. Le document imagine des aménagements de toutes tailles et veut préserver les portions de nature qui ne cessent de reculer.
La ville de Mamoudzou avait répondu en 2013 à un appel à projets du gouvernement. L’objectif était d’aider des communes à élaborer un plan paysage. La ville-préfecture, retenue avec 24 autres communes françaises, dispose à présent d’un document sur lequel elle peut construire une véritable politique d’aménagement urbain, architectural et environnemental.
Le plan identifie d’abord l’ensemble des paysages et leurs enjeux à l’échelle communale. Ce plan veut affirmer la ‘ville archipel’, en préservant la lisibilité des quartiers et en maintenant des coupures d’urbanisation avec de vrais espaces végétalisés. «Il faut toujours imaginer que le végétal fait partie de la ville et pas seulement le bâti», explique Anne-Pascale Pertus, paysagiste au cabinet JNC Sud qui a élaboré ce plan. Maintenir ces «coupures» construites passe aussi par la valorisation des rivières, des espaces qui doivent retrouver leur aspect naturel.
Dans cette logique, le plan préconise de développer une ossature végétale en s’appuyant, par exemple, sur le développement des transports collectifs sur lequel planche la mairie. Le plan se focalise en effet sur un itinéraire vert, qui court le long de la route nationale du nord au sud de la commune dans lequel vont cohabiter voitures et bus, piétons et cyclistes, ville et mangrove, le tout étant végétalisé.
L’agriculture dans la ville
A l’intérieur des quartiers, des parcelles cultivées doivent être maintenues pour «développer et intégrer une agriculture urbaine» et conserver le mélange urbain-rural qui fait la particularité de nos villages. Le plan vise aussi à répondre à une importante demande d’espaces publics (places ou arbres à palabres) alors que les lieux collectifs font défaut et ceux qui existent sont déjà fortement utilisés.
Le plan veut enfin «développer une culture paysagère et architecturale». Une exposition itinérante va se promener dans la commune et des dépliants ont été conçus pour les promoteurs, les élus et les habitants pour les sensibiliser aux enjeux du paysage de la ville.
Lors de la présentation publique de ce plan paysage, des remarques ont surgi dans la salle témoignant des écueils à éviter : préserver les hauteurs de Mamoudzou qui sont à leur tour particulièrement abîmées, en particulier par des mises en culture sauvages ou encore lutter contre une «urbanisation spontanée», qui ne tient nullement compte des choix d’aménagement qui peuvent être faits.
Des opérations déjà lancées
«Ce plan n’est pas un projet opérationnel. Il donne les intentions des projets d’aménagement», précise Anne-Pascale Pertus. A la mairie, à présent de rendre ces intentions concrètes. Et la volonté et les moyens semblent réunis, comme en témoignent des actions déjà lancées.
C’est le cas avec la campagne de revégétalisation entamée le week-end dernier avec la plantation de près de 2.000 arbre et arbustes. Elle va se poursuivre l’an prochain avec un travail avec les agriculteurs. Elle débouchera, dans 2 ans, sur un plan de replantation massif, notamment des padzas «pour aller plus loin dans la commune et ne pas rester dans la ville», précise Hamada Sidi Moukou, responsable du développement durable à la mairie de Mamoudzou.
Un parc à Passamainty
La mairie lance aussi l’aménagement de 38 micro-espaces, en deux phases, dans l’ensemble des villages de la commune. «Ce sont par exemple des arbres remarquables qui sont mis en valeur. Ils sont cerclés pour que les gens puissent s’assoir autour. Il y a aussi des petits farés, des ombrières qui seront construites. 18 premiers micro-espaces vont être aménagés rapidement», explique Hamada Sidi Moukou.
Enfin, la commune se prépare «d’ici un peu plus d’un an» à lancer la réalisation d’un vrai parc urbain, entre Passamainty et Tsoundzou, sur la colline le long du littoral avec des aires de jeux et des espaces de promenades. On rêve aussi d’un réamnagement de la Pointe Mahabou. Mais ici, la ville ne peut en effet pas intervenir. C’est un espace départemental.
Mamoudzou se dote donc des outils avec l’idée, pour la première fois de son histoire, de penser son urbanisation et de travailler son image.
RR
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