Difficile de ne pas lancer des répliques au séisme provoqué par le rapport de la Cour des Comptes. C’est l’objectif poursuivi par l’ancien député mahorais Mansour Kamardine qui appelle l’Etat à un sursaut dans les colonnes du quotidien de droite.
« Alors ?! Il paraît que rien ne va plus à Mayotte ! », interroge notre interlocuteur parisien. C’est que le titre placé en Une du Figaro ce mardi 19 janvier, et réservant une pleine page en dernière de couv à l’ancien député UMP Mansour Kamardine, a interpellé beaucoup de monde.
Une médiatisation qui tombe à point nommé pour tous les habitants du 101ème département qui pouvaient craindre que le rapport inquiétant de la Cour des Comptes sur la départementalisation de l’île « insuffisamment préparée et pilotée », passe rapidement à la trappe.
Une chance qu’il faut saisir en quelque sorte, ce que n’a pas manqué de faire l’ancien député mahorais, candidat à la primaire locale de son parti LR, et aux prochaines sénatoriales.
« Un schéma de financement inachevé »
Car si le premier président de la Cour des comptes, Didier Migaud avait fait part de ses inquiétudes devant la délégation aux outre-mer de l’Assemblée nationale, la ministre des Outre-mer, George Pau-Langevin, avait rapidement indiqué que beaucoup a été fait, des actions «colossales pour remédier aux inégalités les plus criantes auxquelles fait face ce territoire si particulier ». En rappelant les 200 millions d’euros débloqués sur quatre ans quand l’assainissement en avalerait 800 à lui seul…
Car, le plus grave demeure : l’Etat s’est bien désengagé comme le précise le rapport, puisqu’il a « d’abord garanti les ressources au niveau de 2012, avant de revenir sur cet engagement fin 2014, laissant inachevé le schéma de financement du Département et des communes, s’agissant notamment de la répartition de l’octroi de mer. »
Par ailleurs, et précisément sur l’effort croissant de l’Etat en faveur de Mayotte, la Cour dénonce « une logique de rattrapage avec les autres départements d’outre-mer, sans l’avoir réellement programmée en termes budgétaires ». En clair, du saupoudrage sans réelle programmation.
Image détériorée
Pas étonnant donc que l’avocat Mansour Kamardine parle d’un Etat qui « fait la sourde oreille », alors que notre département « le plus pauvre de France », est soumis « à la même fiscalité qu’un département de la banlieue parisienne », et reçoive une dotation par habitant de plus de deux fois inférieure à celle de La Réunion ».
Ce titre du journaliste Yves Thréard, « Mayotte est au bord de la guerre civile », les dirigeants locaux du tourisme vont avoir du mal à le digérer. Mais ne faut-il pas taper du poing sur la table une bonne fois pour toute, plutôt que d’entendre tous les jours des échos négatifs, toujours depuis la métropole : « une de mes amies enseignantes n’est restée qu’un an après avoir été victime d’une agression » ?
L’insécurité, qui « a atteint un niveau insupportable » précise toujours l’ancien député qui s’est fait cambrioler 5 fois, semble être le premier des maux à abattre. « Sommes-nous condamnés à accepter l’inacceptable ? » Une question que tous les habitants adressent à l’Etat et attendent qu’il assume ses devoirs régaliens.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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