Plus de 500 signatures recueillies en 4 jours, la pétition lancée par des parents pour l’attractivité de Mayotte et une meilleure scolarité pour leurs enfants, en particulier au collège, recueille un certain écho. Elle est destinée au vice-rectorat et au préfet.
«Nous sommes beaucoup de parents à nous inquiéter pour la scolarité de nos enfants à Mayotte». Ainsi commence le texte de la pétition mise en ligne par un «collectif de parents» sur le site change.org. Le constat que les membres de collectif formulent est loin d’être nouveau mais ils ont choisi de continuer à marteler cette réalité pour qu’elle ne se banalise pas : «Les conditions ne sont pas réunies pour rattraper les lacunes (de nos enfants) s’ils sont en difficulté ou tout simplement (pour) suivre une scolarité normale pouvant déboucher sur de bonnes études supérieures», affirment-ils.
Ces parents expliquent que certains d’entre eux «tentent de combler les manques par des cours particuliers ou des cours du CNED» mais que d’autres finissent par baisser les bras : «face à ce constat, beaucoup décident de quitter notre île lorsque les enfants sont en âge d’être au collège», explique le texte de la pétition.
14 points d’écart au brevet
Même si cette critique du niveau, en particulier au collège, repose essentiellement sur un ressenti, il est un critère qui permet la comparaison : la réussite aux examens. Alors même que la façon de corriger et de noter n’est pas la même d’une académie à l’autre, voire d’une ville à l’autre, les écarts de Mayotte avec les autres académies restent importants.
Le taux de réussite au DNB (diplôme national du brevet) à Mayotte était de 72,2% en 2015 soit 3,6 points de plus que l’année précédente. Du côté des mentions, on comptait 231 Très bien, 430 Bien et 983 mention Assez bien… de quoi provoquer l’enthousiasme du vice-rectorat qui notait que «depuis 2013, l’évolution des résultats est en constante progression et de façon significative. Elle traduit une meilleure prise en compte des besoins des élèves, à la fois en terme d’excellence et de difficultés.» Mayotte est tout de même loin du taux de réussite national de 86,3%.
Pourtant, certains établissements organisent, sans jamais le reconnaître, de véritables classes de niveau. En proposant certaines options, ils orientent les bons élèves vers de bonnes classes et permettent ainsi aux collégiens prometteurs d’éviter de tomber dans des classes plombées par la présence de nombreux élèves peu francophones. Mais malgré des dispositifs divers, comme à K2, à Passamainty ou à Doujani, la crise de confiance est là.
Perte des cadres
Pour les membres de ce collectif, «cette situation dépasse très largement le cadre de l’enseignement et a un impact considérable sur l’attractivité de Mayotte et sa capacité à faire venir ou garder des personnels qualifiés dans la tranche d’âge 35/50 ans (médecins, cadres, et même des enseignants eux-mêmes…)». De fait cette situation qui conduit au départ de parents de collégiens a déjà été dénoncée par certaines entreprises et même le MEDEF, soucieux de garder des cadres –y compris natifs de Mayotte- d’une tranche d’âge dans laquelle on peut déjà revendiquer une certaine expérience et des savoir-faire que ne maîtrisent pas toujours les plus jeunes, pas encore parents.
«Ceci engendre une spirale négative et un appauvrissement général des compétences de l’île», indique le texte de la pétition. C’est donc «dans une démarche constructive», que ce collectif affirme avoir vu le jour. Ces «parents inquiets de Mayotte» souhaitent rencontrer le vice-rectorat et la préfecture pour «trouver ensemble des solutions (et il y en a !!!) afin de permettre à chaque enfant de donner le meilleur de lui-même».
En attendant une réponse, la pétition continue d’amasser les signatures.
RR
Le Journal de Mayotte