En s’appuyant sur l’interview choc du député Mansour Kamardine dans les colonnes du Figaro, le sénateur Thani Mohamed Soilihi réagit au rapport de la Cour des Comptes sur la départementalisation de Mayotte. Un sujet sur lequel il était attendu, alors que ce mardi après-midi, le député Aboubacar interpellait le gouvernement à ce propos lors des questions en séances.
Dans son rapport, la Cour des Comptes pointe du doigt les inégalités qui plombent le développement du territoire, s’en prenant à l’Etat pour avoir sous-doté le département, et au conseil départemental pour ses effectifs pléthoriques et l’inadaptation de son administration.
Elle évoque surtout une « départementalisation mal préparée, des actions prioritaires à conduire ». Pour Thani Mohamed Soilihi, le constat est « juste » : « la situation actuelle alarmante de Mayotte est la conséquence d’une « responsabilité partagée entre le Département et l’Etat », l’Etat n’ayant pas « achevé à temps plusieurs chantiers majeurs » et le Département n’ayant pas « suffisamment adapté son organisation à ses nouvelles compétences ».
Le sénateur socialiste tient à préciser que depuis 2012 « le Président de la République et le Gouvernement n’ont eu de cesse de manifester leur volonté de consolider le processus de départementalisation et de respecter les engagements pris antérieurement en faveur de cette île. » Il est vrai que ce sont les missions successives de plusieurs ministères dont celui de la fonction publique, qui ont permis l’application de l’indexation des salaires, ou encore l’Allocation de rentrée scolaire, la régulation des prix du carburant, etc.
Peut mieux faire
Il dresse d’ailleurs une longue liste des efforts consentis, comme l’arrivée d’un peloton de gendarmerie supplémentaire ou l’affectation de quarante-quatre agents de la police de l’air et des frontières pour lutter contre l’immigration clandestine.
Avec le Contrat de projet « qui permet à l’île de bénéficier de 378 millions d’euros », mais faut-il le rappeler, s’il ne connaît pas les difficultés de bouclage du précédent, les crédits consacrés à Mayotte entre 2012 et 2016 auraient progressé de plus de 24%. Une position semblable à la ministre des Outre-mer qui avait répondu à la Cour des Comptes par les engagements effectués au bénéfice de notre île.
A la différence prés que le sénateur observe que « ces mesures n’ont pas ostensiblement modifié la situation du département ». Mais, selon lui, le retard accumulé est considérable « et il n’est pas simple de rattraper une décennie d’inertie gouvernementale. » Il avait d’ailleurs été un des premiers, comme il le souligne, à interpeller le gouvernement sur la sous-dotation de Mayotte au regard des autres DOM.
« Contre-vérités »
On ne peut donc pas encore parler d’acquis, mais les efforts faits ne doivent pas être bradés à la mode Mansour Kamardine dans le Figaro, selon lui. L’interview lancée sur un ton provocateur de « Mayotte est au bord de la guerre civile », avait heurté en métropole. Un titre « irresponsable », selon le sénateur socialiste qui démonte une à une les « contre-vérités » assénées par l’ancien député LR.
Sur le désenclavement aérien et numérique tout d’abord : « Le Gouvernement a permis que soient mises en place à partir de juin 2016 des liaisons directes entre Paris et Mayotte. Par ailleurs, le passage à la 4G est prévu pour décembre 2016, ce délai étant nécessaire pour mettre en place une saine concurrence. » Des avancées très attendues par la population.
Les élus s’en étaient lavés les mains
Quant à l’itinérance téléphonique (roaming) le sénateur se veut rassurant, « des solutions sont en cours pour permettre aux ultramarins d’utiliser leur forfait téléphonique en métropole sans surcoût », bien que l’Arcep vienne de donner un avis négatif.
Thani Mohamed n’a aucune difficulté c’est sûr, à remettre les pendules à l’heure européenne, lorsque Mansour Kamardine indique que l’Etat décide de l’affectation des fonds européens « au lieu de laisser les élus locaux s’en charger », puisque « c’est le Conseil général de l’époque lui-même qui en a confié la gestion à l’Etat. »
Malgré les « lourds défis » qui attendent encore Mayotte, le sénateur, qui envoie pour la première fois un communiqué à la troisième personne du singulier, refuse qu’on jette de l’huile sur le feu « en participant à la désinformation des mahorais par la tenue de propos non vérifiés, non étayés, et le plus souvent inexacts. » Il appelle à « œuvrer ensemble pour le développement de cette île. »
A.P-L.
Le Journal de Mayotte
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