L’aéroport de Mayotte cherche encore le moyen de décoller

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Un trafic passager en léger recul, un fret en progression et une activité postale en berne, l’aéroport de Mayotte sort d’une année 2015 en demi-teinte. Les ressorts permettant la croissance attendue ne sont toujours pas là.

Aéroport Mayotte depuis l'étageAvec 343.221 passagers, l’aéroport de Pamandzi termine 2015 bien loin des espoirs de croissance que l’équipement peut logiquement nourrir. Ce flux est en recul de 3,74% d’une année sur l’autre. La progression annuelle rêvée de plus de 5% n’est pas encore au rendez-vous.

Dans le détail, le nombre de passagers locaux progresse légèrement (+0,68% par rapport à 2014) et restent au-dessus des 300.000 (303.381 exactement). Mais ce sont les passagers en transit qui plombent les chiffres. Ils ont quasiment diminué de moitié (-52,35% par rapport à 2014) et ne concernent plus que 27.566 personnes. Pour la SEAM, la société d’exploitation de l’aéroport de Mayotte, l’explication réside sur le changement d’itinéraire d’un vol Air Austral (UU255-256) et la cessation d’activité de la compagnie XL Airways qui a pesé sur le trafic.

L’année a également été marquée par de lourdes crises. Ainsi, Inter Îles Air a été contrainte d’annuler de nombreux vols lors de son bras de fer avec le gouvernement comorien puis à la suite de grèves à Anjouan. Quant à la situation d’Air Madagascar, elle fut également délicate avec une longue grève puis des pannes à répétition dans l’exploitation de ses appareils.
Cette situation a été atténuée, néanmoins, par un certain report de trafic sur Air Austral et Corsair, alors qu’Ewa s’installait sur les destinations comoriennes et malgaches.

Aéroport de Mayotte: Une activité liée à un petit nombre de compagnies
Aéroport de Mayotte: Une activité liée à un petit nombre de compagnies

Le fret reprend des couleurs

Malgré cette situation, le nombre de mouvement d’avion reste relativement stable. Avec un recul de 0,32%, les «mouvements commerciaux» ont été de 5.582 en 2015 contre 5.600 en 2014. En décembre, par exemple, Inter Îles Air a mis en service son Caravane C208 tandis qu’une autre compagnie comorienne, AB Aviation, opérait de nouveaux vols réguliers.

Du côté du fret, l’évolution est plus favorable avec une progression de 2,15% et une année 2015 qui se termine en fanfare avec +7,58% rien que pour le mois de décembre. Ce sont au total 1.535 tonnes de marchandises qui sont passés par l’aéroport de Mayotte l’an dernier.

Retournement du fret postal

A noter, en revanche, le retournement de tendance du fret postal. Alors que Mayotte se distinguait jusqu’à présent des autres DOM avec une progression constante des envois postaux (courrier et colis), l’activité marque un net coup d’arrêt avec un recul de 17,05% sur l’année et seulement 657 tonnes transportées. Le mois de décembre, généralement porteur pour l’activité postale, enregistre lui aussi un recul de 14,5%.

Davantage de passagers locaux, moins de personnes en transit
Davantage de passagers locaux, moins de personnes en transit

Du côté de l’aérogare, l’année 2015 a également été marquée par un coup dur : la mise en cause d’une partie de l’activité du restaurant par les services de la DIECCTE. Des manquements aux règles en vigueur ont été relevées dans cette enseigne mais le préjudice a impacté l’ensemble des commerces de bouche du site. Ainsi, la boulangerie «le P’tit gourmand», qui n’est pourtant pas concernée par la mise en cause de son voisin, a connu une fin d’année difficile. Pour tous, la confiance est à reconstruire.

Peu de compagnies

Au final, l’aéroport de Mayotte reste très dépendant d’un petit nombre de compagnies. Air Austral est plus que jamais le transporteur pivot dont dépend beaucoup du futur de l’activité aéroportuaire mahoraise. Si une politique de prix plus offensive favoriserait probablement une montée en puissance du flux passagers vers La Réunion, il sera intéressant de suivre les modifications que va entraîner la mise en place de la ligne directe vers Paris en juin prochain.

Mais l’activité de l’aéroport reste aussi à la merci de défaillances ou d’aléas politiques de sociétés plus fragiles. Le développement passera indiscutablement par une stabilité et une constance des liaisons vers les Comores et Madagascar.
RR
www.lejournaldemayotte.com

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