C’est un nouveau pas dans la stratégie que met en œuvre Maurice pour se positionner au centre du trafic aérien de la région. Le pays vient de signer un accord avec Singapour pour renforcer les rotations entre les deux territoires.
Jusqu’ici Air Mauritius assurait un vol hebdomadaire (le lundi) vers Singapour. À compter du 11 mars, les avions de la compagnie nationale mauricienne décolleront trois fois par semaine à destination de Changi, l’aéroport de Singapour. Et sans doute plus encore dans les mois qui viennent. Car le gouvernement mauricien veut capter une partie des flux impressionnants qui transitent par Singapour où Changi a vu passer près de 55 millions de passagers en 2014… et dont l’ambition est d’atteindre les 135 millions de passagers dans quatre ans!
Ainsi, alors que Maurice ne reçoit «que» 90.000 touristes chinois chaque année, elle espère attirer une partie des 1,3 millions qui débarquent chaque année à Singapour et plus encore, se connecter aux 110 compagnies aériennes qui desservent 317 aéroports depuis la ville-état de l’Asie du Sud-est asiatique.
Stratégie de domination
Mais Maurice sait aussi qu’elle doit faire bénéficier ses voisines de ses initiatives pour ne pas les braquer. Ainsi, elle présente cette signature comme «de nouvelles perspectives pour les acteurs économiques des îles Vanille vers les destinations de l’Asie, d’Afrique et du Pacifique».
Pourtant la stratégie pour dominer le secteur dans la région semble implacable. Certes, dans un premier temps, grâce à l’installation du couloir aérien « Air Corridor », Maurice espère davantage toucher le marché asiatique. Mais en réalité, le projet est bien plus ambitieux. En faisant de Plaisance un véritable « hub » aérien dans la zone océan Indien, l’idée est d’être la plaque tournante entre l’Afrique et l’Asie.
Cette politique du «trait d’union» entre les îles Vanille, une partie de l’Afrique, notamment le Mozambique (Maputo) et la Tanzanie (Dar-es-Salaam) et l’Asie du Sud-Est, a été annoncée très officiellement par le Premier ministre mauricien Sir Aneerood Jugnauth fin 2015. Son constat est simple: l’Afrique est très mal desservie depuis l’Asie d’où l’importance de se positionner avant que d’autres ne le fassent.
Une compagnie low-cost
Pour cela, Air Mauritius a imaginé créer une compagnie régionale low-cost, filiale de la compagnie nationale (comme Transavia pour Air France), qui prendrait toutes les destinations régionales en direction de l’Afrique en passant par Maurice qui est à 6 heures de cette partie du continent africain.
« Maurice soutiendra cette connectivité avec l’Afrique », souligne Donald E. Payen, le vice-président d’Air Mauritius. L’étude de faisabilité de cette compagnie régionale a déjà été validée par le conseil d’administration au sein duquel siège le gouvernement. La nouvelle compagnie qui n’a pas encore été baptisée verra le jour en octobre prochain.
Parallèlement à ce projet, Air Mauritius a décidé, pour assurer toutes ces rotations, de renforcer sa flotte aérienne en s’offrant six A350, entre 2017 et 2020, à raison de deux appareils par an. Si l’intérêt d’un couloir aérien Plaisance-Changi et d’une compagnie aérienne régionale low-cost pour Maurice est assez évident, on peut s’interroger sur les bénéfices que pourraient retirer les îles Vanille. Maurice qui a déjà une longueur d’avance sur toutes les autres îles de la région en matière économique et notamment touristique, continue donc de pousser son avantage.
RR, Le JDM
avec les JIR.