C’est une des dates fondatrices de notre présent, celle qui fige depuis 40 ans la situation politique de notre région. Le dimanche 8 février 1976, les 21.671 électeurs inscrits sur les listes électorales à Mayotte sont appelés aux urnes. Ils doivent, à nouveau, se prononcer sur leur destin.
Car l’archipel vit une situation politique historique. Depuis 1958, les quatre îles sont devenues un TOM, un territoire d’Outre-mer français. Mais ce statut ne va pas durer très longtemps. En décembre 1972, le parti favorable à l’indépendance remporte les élections générales dans l’archipel. La métropole en tire les conclusions. Le 15 juin 1973, la France accepte de consulter la population «avant cinq ans» sur une éventuelle indépendance. Ce référendum est organisé le 22 décembre 1974 dans les quatre îles.
L’indépendance pour 3 îles
Pris dans sa globalité, le résultat est clair : 154.184 voix pour l’indépendance, 8.553 pour le maintien au sein de la République française. Mais les résultats font apparaître une situation particulière. Si en Grande-Comore, à Mohéli et à Anjouan, la quasi-totalité de la population est favorable à l’indépendance, à Mayotte, c’est le «non» qui l’emporte à 63,2%.
Le 6 juillet 1975, la chambre des députés des Comores proclame l’indépendance. La République des Comores est admise à l’ONU le 12 novembre 1975.
La France doit donc reconnaître l’indépendance des Comores. Ce sera chose faite le 9 juillet mais uniquement pour les 3 îles où le «oui» l’a emporté, contrairement à ce que prévoit le droit international qui interdit de modifier les frontières des territoires qui accèdent à une nouvelle souveraineté.
Des résultats dissociés
Pourtant Paris va considérer les résultats de ce 1er référendum, île par île. Mayotte se retrouve donc dissociée de l’indépendance des 3 autres îles de l’archipel et la France décide d’y organiser une nouvelle consultation.
S’appuyant sur le droit international, le nouvel état comorien conteste la légalité de l’organisation de ce scrutin et revendique Mayotte comme la 4e île de la jeune nation indépendante. Une position qui n’a jamais varié depuis.
A Paris, on voit les choses autrement. Le parlement français vote une loi particulière pour organiser ce scrutin «relatif aux conséquences de l’autodétermination des îles des Comores». Il aura donc lieu le 8 février 1976, uniquement à Mayotte.
Deux bulletins pour un destin
Ce dimanche-là, pour cette 2e consultation, les Mahorais ont le choix entre deux bulletins de vote: «Je souhaite que Mayotte demeure au sein de la République française» ou «Je souhaite que Mayotte fasse partie de l’État comorien».
Le résultat est sans appel. Sur les 17.949 suffrages exprimés, 17.845 se portent sur l’appartenance à la France. Seules 104 voix sont réunies autour du choix comorien.
Mayotte restera donc Française et sera ensuite appelée, une 3 fois, à se prononcer sur son statut. Le 11 avril 1976, la population va rejeter la possibilité de rester un TOM… Plus de 13.800 bulletins sont nuls, beaucoup faisant apparaître la mention « département ». Clairement, les Mahorais veulent être arrimés à la métropole et devenir un véritable DOM… Il faudra patienter 35 ans avant d’accéder à ce statut.
RR
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