Le flux migratoire ajouté à la croissance démographique est tel qu’à chaque rentrée scolaire de nouvelles classes jaillissent à Mayotte. Un rythme qui a hélas molli avec les déficiences du SMIAM, le Syndicat mixte qui en avait la charge, plombant d’un coup la scolarité d’un paquet d’élèves de primaire, contraints de se partager les salles de classe. Certains l’occupant en matinée, les autres l’après-midi, période pourtant de moindre réceptivité pour les jeunes enfants.
Ces rotations scolaires perdurent encore sur l’île malgré la relance des constructions par l’équipe préfectorale actuelle. « Un système qui touche encore 62 écoles élémentaires. En 2015, nous avions recensé un manque de 350 salles de classe, utilisées à 100% des capacités. Or, il y a des heures de bibliothèque ou d’EPS », indique la vice-recteur, sous-entendant qu’en s’organisant, un partage plus efficace des salles est possible.
« 241 classes programmées cette année »
Car le vice-rectorat n’est pas un bâtisseur. Il ne fait qu’accompagner les mairies pour une organisation optimale des ressources existantes, en attendant la rénovation ou la sortie de terre de nouveaux bâtiments : « L’exemple de Bandrélé est évocateur où nous avons conseillé le regroupement de plusieurs écoles pour mutualiser les moyens. »
Les mairies présentent ensuite leurs besoins à la préfecture qui supplée le presque défunt SMIAM, en leur allouant les crédits directement, par le biais de la Dotation Spéciale de Construction et d’Equipement des Etablissements Scolaires. « Ainsi 107 salles de classe et 5 réfectoires, rénovées ou neuves ont été produites en 2014-2015, et 241 classes sont programmées pour l’année 2016-2017, 113 en construction et 128 en rénovation », expliquait Guy Fitzer, Sous-préfet à la cohésion sociale, qui préside la Commission de la restauration scolaire
Sous condition de rapidité
Avec la mise en place d’une Programmation pluriannuelle, « la première ! », sur 4 ans, « et avec la collaboration du vice-rectorat et des 17 communes, nous pouvons espérer supprimer les rotations scolaires à l’échéance du plan, dans quatre ans. »
Aucune commune n’est privilégiée, « mais nous regardons la rapidité d’exécution, comme à Mtsamoudou où en 6 mois tout était bouclé. Nous ne pouvons pas laisser trainer des investissements utiles à l’île », justifiait le sous-préfet.
Endiguer les rotations, c’est permettre la mise en place des rythmes scolaires chers à la représentante de l’Education nationale : « Seules 45 classes ne s’y sont pas encore mises, alors que 15 écoles, malgré leurs rotations, les appliquent. Seules Koungou et Dembéni ne les ont pas encore appliqués, faute de projets et freinée par une population en forte croissance. Elles s’y préparent actuellement. »
Compliqué malgré tout quand on sait que rotations + rythmes scolaires saucissonnent une journée en quatre pour l’école. « Justement, je suis allée à Paris pour négocier des adaptations et de la souplesse. On ne peut pas tout bloquer parce que les normes ne sont pas appliquées comme en métropole », nous confie encore Nathalie Costantini.
Une chargée de mission est actuellement détachée par le vice-rectorat pour épauler les mairies sur cette mise en œuvre des rythmes scolaires et des activités périscolaires.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte