Une poignée d’habitants de Koungou avait fait un esclandre lors du dernier conseil municipal: depuis décembre, ils avaient demandé l’annulation de l’augmentation des taux de la taxe d’habitation. Et depuis décembre, ils n’avaient eu aucun interlocuteur. Ils ont donc forcé la main lors du dernier conseil municipal, et arraché au forceps un rendez-vous ce mardi 23 février à 14 heures.
Une réunion qui s’est bien tenue en mairie, mais sans la directrice de la Direction des finances publiques (DRFIP), pourtant annoncée, « et avec laquelle nous avançons pas mal », indiquent le maire Assani Saindou Bamcolo, son DGS Abdou Salami Baco et Zoubert Saïf Eddine, DGST de Koungou. En face, une délégation de 4 représentants du collectif qui s’est formée pour contester l’augmentation de la taxe. Ils ont fait des émules puisqu’un autre collectif de Majicavo Dubaï était représenté.
Contrairement à l’ambiance virile du conseil municipal, la réunion s’est tenue sous un climat serein et propice aux bonnes décisions puisque, après une nouvelle simulation de la DRFIP, la mairie a pris la décision de baisser rétroactivement les impôts de 24 à 16% pour l’année 2015, « et de reporter ce même taux en 2016 », explique un des représentants des habitants.
Chacun propose son idée de rue
Une bonne nouvelle pour un bacoco venu partager sa détresse de devoir payer une taxe d’habitation de 3.500 euros avec une retraite de 400 euros.
Un retour sur image avec 8 points de baisse, comment la commune va gérer ça, elle qui avançait un trou budgétaire pour expliquer la taxation massue ? « En resserrant les boulons comme le report de la mise à niveaux de caniveaux », explique Abdou Salam Baco. Il évoque surtout l’avancée du travail sur l’adressage qui élargit la base, « on va recouvrer d’avantage d’impôts. » Des recettes 2016 qui compenseraient le trou de 2015…
En matière d’adressage, élu et cadres ont expliqué que cent fois sur le métier les agents allaient remettre leur ouvrage, « nous allons arrêter la liste des voiries à la fin de ce mois, car chacun a son idée de nom de rue, et ça n’avance pas ! » Un challenge plus qu’une prévision quand on connaît les difficultés pour répertorier les locataires ou les propriétaires légitimes.
La subvention évaporée en 2006
La Poste propose ses services, payants, auxquels la mairie n’a pas souscrit, « mais nous avons expliqué au maire que l’investissement serait vite amorti par les impôts recouvrés grâce à des habitants identifiés », indique un habitant. Un bémol toutefois pour Abdou Salam Baco qui chiffre à 600.000 euros le service : « Nous n’avons plus cette ligne budgétaire. L’Etat avait versé une subvention pour l’adressage en 2006, du temps de Raos, mais nous ne savons pas à quoi ça a servi. »
Or, c’est dans l’intérêt de tous que l’égalité devant l’impôt soit respectée : « En ne finalisant pas l’adressage, on se prive de recettes et de pouvoir voter des taux bas pour tous. » Il vise dans un premier temps les 60% de couverture d’adressage.
Assani Saindou Bamcolo a regretté lors de cette réunion le mauvais départ pris avec des habitants devenus depuis peu les principaux contributeurs de son budget, « je ne voulais faire fuir personne », leur a-t-il expliqué. Rendez-vous a été donné le 27 mars pour le vote du budget en conseil municipal, et validation de ces annonces.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte