Reportée en raison des attentats parisiens de novembre 2015 et du deuil national, la 5ème Semaine pour l’emploi des personnes handicapées à Mayotte, prévue du 16 au 20 novembre s’est muée en une Journée, ce 29 février à Chiconi, ville de naissance du président du conseil départemental.
La loi impose à toute entreprise privée de plus de 50 salariés d’employer 2% de personnes handicapées à Mayotte, « mais nous devons progresser à terme pour atteindre les 6% hexagonaux », précise Jacques Launay, en charge du développement économique à la Dieccte.
Il faut dire que les entreprises peuvent bénéficier d’avantages importants dans ce cas, « une aide de l’Etat de 45% d’un SMIG, sur 35h travaillées, contre 20h l’année dernière », nous informe le représentant de Pôle emploi. Selon lui, 25% de personnes handicapées en âge de travailler ont décroché un emploi à Mayotte, « sans plus de précision quant au type de contrat de travail », déplore notre interlocuteur.
Pas d’incitation à se déclarer
C’est aussi le flou dans les chiffres car ils seraient 1.000 à être sur le marché du travail, pour la Maison des Personnes Handicapées (MPH), « en emploi ou en recherche d’emploi », mais ils seraient environ 600 à s’être Reconnus en qualité de travailleurs handicapés (RQTH) selon les rédacteurs du Plan régional d’insertion des travailleurs handicapés, quand le conseil départemental en aurait moins de 200 enregistrés dans ses tablettes.
Un problème qui implique un constat : « Celui du nombre de RQTH inférieur à la réalité, avec la même problématique que pour le chômage : on ne connaît que ceux qui se déclarent faute de politique de prise en charge adaptée, pour qu’il y ait intérêt à se faire connaître », incite Jacques Launay, très impliqué sur ce sujet, « et pour cause, je suis moi-même handicapé. » Autre problème, certains salariés restent discrets sur leur handicap, « ça reste tabou à Mayotte », glisse la représentante de la Direction des personnes âgées et des personnes handicapées au conseil départemental. Les employeurs ne peuvent donc bébéficier des aides mises en place.
Un diagnostic en mars
Un outil doit améliorer la compréhension des problématiques : le Plan régional d’insertion des travailleurs handicapés (PRITH) en cours d’élaboration. C’est un plan d’action unique du service public de l’emploi qui conjugue 4 axes : la formation, l’emploi, le maintien en emploi et la mobilisation des employeurs. 22 régions l’ont déjà décliné en France.
Mayotte devrait en récolter rapidement les premiers fruits puisque la remise à niveau du diagnostic territorial, c’est à dire l’élaboration des données chiffrées en partenariat avec l’organisme Aloalo, sera restituée en mars.
La délivrance d’agrément aux structures en charge du handicap n’est plus de la compétence de la Dieccte, mais du conseil départemental. Ce qui au regard de la politique sociale pratiquée jusqu’à maintenant, laissait les acteurs quelque peu inquiets.
La MPH gagne un D et élargit son rayon d’action
Issa Issa Abdou, qui présidait la Journée à la place du président du département, mais aussi en sa qualité de 4ème vice-président chargé de l’action sociale et de la santé, devait donc rassurer. Il commençait par évoquer la reconduction de la convention cadre signée en 2012 pour 3 ans, « destinée à favoriser l’insertion dans l’emploi. »
Il rappelait également que la Maison des Personnes Handicapées allait bientôt se muter en MDPH. En rajoutant le D de département, elle se transforme en Groupement d’intérêt général : « La MDPH pourra ainsi signer des conventions avec d’autres acteurs comme les mairies, pour insérer dans l’emploi davantage de personnes handicapées. » Enfin, l’élu rappelait qu’un lot de transport scolaire avait été dédié au handicap.
Et parce qu’il y a urgence à faire dans le concret, une simulation d’entretien avec diagnostic était proposée par Msayidie-ACE, au personnes handicapées qui s’étaient déplacées sur le site de la mairie de Chiconi, et qui étaient ensuite reçues en entretien avec des employeurs potentiels.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte