Suppressions et créations de postes: chaises musicales et valse de salaires au département

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Conseil general batimentLes élus du département vont bientôt devoir se prononcer sur le nouvel organigramme imaginé par l’actuelle majorité. L’objectif est de remédier aux «faiblesses de l’administration départementale» et particulièrement de l’encadrement, comme l’explique le rapport «relatif à l’organisation générale des services» que s’est procuré le JDM. Ce texte présente la réorganisation complète, détaillée et argumentée du département. C’est lui que les conseillers départementaux vont devoir valider en se prononçant sur une délibération, peut-être dès lundi prochain, 7 mars, en assemblée plénière. Le comité technique doit l’étudier ce mercredi.

Les objectifs du texte correspondent aux demandes récurrentes de la chambre régionale de comptes: permettre au département d’«intégrer la perspective des prochains transferts de compétence, routes, collèges, lycées, voire transfert de l’autorité de gestion de la prochaine génération des programmes opérationnels européens»… mais aussi -peut-être- d’améliorer la gestion des missions qui sont déjà les siennes, même si ce n’est pas écrit.

Moins de postes sans licenciements immédiats massifs

Officiellement, on est donc dans le droit fil des annonces faites lors de la présentation du plan de mandature le 4 février dernier, avec une «direction générale resserrée, concentrée, responsabilisée et composée pour ce faire d’un nombre restreint de directeurs généraux adjoints (…) ramenés au nombre de 5.»

Les directions opérationnelles seront également moins nombreuses, réduite au nombre de 35.
Cette nouvelle architecture des services doit devenir une réalité dès le 1er mai prochain. Les élus vont donc devoir se prononcer sur la suppression de postes actuels et la création de nouveaux.

Le rapport sur l'organisation générale des services du département
Le rapport sur l’organisation générale des services du département

Ce sont 72 postes qui sont supprimés. Ceux de l’ensemble des directeurs et de 21 directeurs adjoints. Ils sont immédiatement remplacés par la création de nouveaux postes, au nombre de 107. Mais ce ne sont pas exactement les mêmes. Par exemple, les sous-directeurs disparaissent.
On y trouve donc 5 DGA, mais aussi 25 postes de directeurs, 2 délégués, 5 chargés de mission, 1 directeur de GIP et 2 autres postes pour le service des assemblées et le chef de service des affaires juridiques.

Enfin, sont également créés 67 postes de chargés de mission à titre provisoire, pour 6 mois, «en remplacement d’un certain nombre de postes correspondants supprimés dans l’attente de la stabilisation des nominations définitives à venir»… L’idée est donc de ne pas licencier brutalement ceux dont la direction n’existe plus.

Très forte sur-rémunération des hauts cadres

Tout n’est pourtant pas remis à plat dans cette réorganisation. Par exemple, pas question de toucher au niveau des rémunérations qui restent encore très élevées par rapport à ce qui se pratique ailleurs en France. En effet, lorsqu’on regarde les grilles d’indice de la fonction publique, le département de Mayotte est très généreux avec son encadrement. Ici, l’attractivité financière est réelle.

Trois exemples : Partout ailleurs, un simple attaché est payé entre 1.615€ et 3.046€ par mois, en fonction de l’échelon où il se trouve. A Mayotte, la norme est de 5.700 euros.
Dans la grille nationale pour les attachés principaux, les salaires sont compris entre 2.009 et 3.625 euros en fonction de l’échelon. A Mayotte, on est à 6.000 euros.
Quant aux attachés directeurs, ils devraient toucher entre 2.694€ et 3.694€ en fonction de leur parcours. A Mayotte, salaire fixe pour tout le monde : les DGA toucheront 7.700 euros par mois.

L'hémicycle prend le nom du Mzé en 2007
L’hémicycle du département

A tous les niveaux, la sur-rémunération est donc bien supérieure à l’indexation de 30%.

Quant aux postes de chargés de mission créés, ils sont dotés, en moyenne, d’un salaire de 5.000 euros mensuels durant les 6 prochains mois.

L’incidence budgétaire

En clair, l’actuelle majorité ne revient pas sur un principe pourtant dénoncé par la chambre régionale des comptes, à savoir des rémunérations bien supérieures à Mayotte que dans le reste du pays. Mayotte manque de catégories A… elle veut donc les choyer.

Le rapport présenté aux élus indique que suppressions et créations de postes se font «sans incidence budgétaire». Le département serait même très légèrement gagnant, à condition que les «chargés de missions» recrutés le soient, comme c’est prévu, pour 6 mois et pas davantage.

Mais dans les couloirs, certains font part de doutes sur la sincérité de la masse salariale affichée dans le tableau des suppressions de postes. Plusieurs voix indiquent qu’elle pourrait être sous-évaluée et qu’en réalité, il existerait bel et bien un impact négatif sur les finances, sans que cette information puisse, à ce stade, être vérifiée.

Pour passer de bruits de couloir à une réalité mesurée, certains seraient en train de travailler sur un contre-chiffrage. L’hémicycle pourrait, dès la semaine prochaine, devenir le cœur d’une bataille de chiffres et de salaires… D’autant que ces 107 postes représentent 4,97 millions d’euros. Quelques pourcentages d’économies représenteraient des dizaines voire des centaines de milliers d’euros en moins à débourser.

RR
remi@lejournaldemayotte.com