Une nouvelle fois, les derniers chiffres de la délinquance sur Mamoudzou sont «mauvais», selon le constat du procureur de la République. Même si les premières données disponibles pour le mois de février laissent présager un certain tassement, en particulier sur le front des cambriolages, les deux premiers mois de l’année ne sont encore pas bons concernant les violences.
Ce CSLPD accueillait la mission d’inspection de la police, «c’est la première fois que nous recevions une délégation ministérielle dans cette instance», se réjouit Bacar Ali Boto, le 1er adjoint. La municipalité a ainsi eu le loisir de mettre en avant sa politique et tenter de démonter les critiques liées à une supposée inaction.
«Nous venons de très loin! Je le dis souvent, avant l’actuelle majorité, Mamoudzou n’avait rien fait pour l’espace public et n’avait rien à proposer aux jeunes», martèle Nassuf Eddine Daroueche, l’adjoint au maire chargé de la sécurité et de la tranquillité publique.
Deux dossiers semblent bien avancer. D’abord celui de l’éclairage public qui bénéficie d’un plan de 9,5 millions d’euros sur 4 ans… «Et peut-être même sur 2 ans, si nous parvenons à boucler les budgets plus rapidement», insiste le jeune élu. L’ensemble des lampadaires a déjà été changé rue du commerce, les chantiers sont en cours sur le front de mer (entre le camion rouge et la pointe Mahabou), sur la rocade et dans le village de Passamainty.
«On sait qu’il y a une corrélation positive entre la lumière et la diminution de la délinquance», estime Bacar Ali Boto.
Etudes bouclées pour les caméras en ville
C’est l’ensemble de la commune qui va être éclairée, de Kawéni à Vahibé, en plusieurs tranches de chantier. «Actuellement, EDM nous propose des éclairages alimentés par le solaire. Nous étudions cette solution pour pouvoir déployer divers systèmes», explique Nassuf Eddine Daroueche. Le solaire permettrait à la commune de bénéficier d’aides de l’ADEME, l’agence chargée de l’environnement et de l’énergie.
C’est surtout le préalable au 2e gros chantier, la mise en place de la vidéosurveillance pour laquelle les études sont bouclées. «Le prestataire a chiffré l’ensemble du dispositif. Il coûterait 910.000 euros. Si l’Etat nous accorde les fonds, la vidéoprotection pourrait être effective dès janvier prochain».
La mairie, qui va créer des mairies annexes dans chacun des trois cantons de Mamoudzou, compte s’appuyer sur ces nouvelles structures pour installer des postes de visionnages répartis sur ces trois points. De même, la police municipale va être restructurée en 3 brigades «pour être plus proche de la population et permettre à la commune de disposer d’une vraie police à pied qui sillonne les quartiers».
464.000 euros pour les associations
Les critiques sont aussi nombreuses sur le manque d’implication de la commune concernant les dossiers de prévention, en particulier en provenance du COSEM de Me Elhad Chakrina. Là encore, la mairie ne veut plus laisser dire. «Nous avons 34 médiateurs de nuit qui sont en formation mais qui sont déjà sur le terrain deux semaines sur trois. On peut les croiser avec leur polo vert dès le début de soirée», insiste Nassuf Eddine Daroueche.
«Au-delà, nous voulons faire en sorte de mettre à la disposition de la jeunesse les moyens de son épanouissement intellectuel, culturel, sportif. Dans une semaine exactement, le 11 mars, la commission jeunesse et sport que je préside va allouer 464.000 euros aux associations de la commune pour participer à la prévention de la délinquance. Ca, c’est quelque chose de nouveau depuis notre arrivée aux responsabilités».
Trois gymnases de proximité
«Nous allons bientôt réceptionne les MJC de Kawéni, de Mgombani et de Tsoundzou II et elles pourront abriter des antennes de la mission locale pour accueillir les jeunes», indique Bacar Ali Boto qui relève aussi que le maire fait régulièrement des rappels à la loi pour des jeunes à la dérive.
Enfin, 3 gymnases de proximité sont également à l’étude. Le premier, qui serait construit à Mgombani, doit faire l’objet d’un vote au prochain conseil municipal.
«Mais tout ce que nous faisons ne servira à rien si on ne prend pas conscience que nous disposons d’outils pour faire face à des problèmes de droit commun. Or, nous sommes bien au-delà du droit commun, avec une population qui s’accroit tous les jours du fait de l’immigration clandestine, avec des gens qui ne peuvent pas travailler et n’ont pas de moyens pour manger et survivre», dénonce Bacar Ali Boto.
«Partout ailleurs, ces migrants s’appellent des réfugiés. Il faut les reconnaître pour ce qu’ils sont et les faire bénéficier des droits des réfugiés avec les moyens qui peuvent leur être alloués pour qu’ils puissent s’intégrer.»
Et Bacar Ali Boto de renvoyer l’Etat à ses responsabilités dans ce dossier… «Fermer une frontière avec un petit bras de mer, on ne me fera pas croire que cela ne dépend pas d’une volonté politique.»
RR
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