Des ajustements mais pas de bouleversement. Voilà ce qui ressort de l’analyse des chiffres du 1er tour de la présidentielle des Comores par la Cour constitutionnelle du pays. Quatre candidats avaient déposé plusieurs requêtes allant d’une demande de recomptage à une annulation pure et simple du scrutin du 21 février dernier. Les résultats provisoires donnés par la Céni, la commission électorale «indépendante», étaient en effet contestés par 20 candidats parmi les 25 qui se présentaient pour ce 1er tour.
Après avoir fait la liste de tous les bureaux de vote dont la Cour a recompté les bulletins et revu les procès-verbaux, les requêtes des candidats protestataires ont été rejetées. Certes, de nombreuses irrégularités ont été reconnues mais elles ne dépasseraient pas 1% du nombre de bulletins de vote, pas suffisamment pour avoir une «influence déterminante» sur les résultats du vote selon les termes de la Cour.
Conséquence, des voix ont été ajoutées ici et là. Ainsi, l’écart entre le troisième et le quatrième candidat s’est nettement réduit, passant de 562 voix à seulement 262 bulletins exprimés.
Pour autant, pas de changement dans le trio de tête. Les participants au second tour annoncés par la Céni sont bel et bien confirmés par la Cour constitutionnelle.
Manifestation réprimée
Ce dimanche soir, les trois qualifiés pour le 10 avril prochain restent donc l’actuel vice-président, Mohamed Ali Soilihi (17,88%), le gouverneur de Grande Comore Mouigni Baraka Saïd Soilihi (15,62%) et l’ancien président Azali Assoumani (15,10%).
A Moroni, une heure avant cette annonce très attendue, le quartier autour de la Cour constitutionnelle avait été bouclé pour empêcher tout débordement. Pendant l’annonce du rejet des requêtes, quelques incidents ont tout de même éclaté avec l’armée «faisant quelques blessés légers, principalement des jeunes et des femmes. Ils ont été transportés aux urgences après avoir reçu des coups de matraque et des coups de pieds», indique RFI dont le journaliste précise qu’ils «souhaitaient simplement se rendre devant l’instance pour écouter les résultats définitifs de ce tour préliminaire de l’élection présidentielle.»
D’autres médias parlent d’un «déploiement répressif de l’armée» et de «mauvais traitements» infligés à plusieurs personnalités, par exemple aux dirigeantes du mouvement de femmes Yadirikini ou encore à Tocha Djohar, un député lourdement frappé avant d’être interpellé.
Maintenant, l’inquiétude
Plus tôt dans la journée, dans la capitale comorienne comme ailleurs dans le monde, plusieurs rassemblements de protestation avaient été qualifiés de succès par les contestataires. Le site Comores-actualités raconte ainsi qu’une centaine de personnes s’étaient rassemblées à Paris, sur l’esplanade du Trocadéro face à la Tour Eiffel pour dénoncer ce «hold-up électoral».
«Quelle perspective après la validation des résultats ?» s’interroge à présent le média Habariza Comores sans parvenir à proposer des pistes. Le jeu politique semble très compliqué à décrypter face à une contestation qui serait encore susceptible de gagner en intensité.
RR
remi@lejournaldemayotte.com