Blocage de la mairie: le courant ne passe pas entre les kawéniens et le maire

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Idouhane Ibrahim fait part du sentiment d'abandon des habitants de Kawéni
Hithouwane Ibrahim fait part du sentiment d’abandon des habitants de Kawéni

Reçus en fin de matinée par le maire de Mamoudzou Mohamed Majani, son conseiller Hassani Chadhuili et l’adjoint Sidi Nadjaïdine, les membres de l’association de Chigoma (danse) de Kawéni sont ressortis déçus. Ils avaient commencé par bloquer l’entrée de la mairie ce matin, et alors qu’ils constituaient une délégation porte-parole auprès du maire, ce dernier ordonnait à sa police municipale de dégager les entrées. Provoquant des échauffourées.

Car la police municipale est intervenue sans négociation préalable, et en gazant à bout portant les jeunes qui bloquaient la porte. Huit d’entre eux ont été pris en charge par les pompiers, et le président de l’association de Chigoma Nourou Ya Kawéni a d’ailleurs été arrêté à sa sortie de l’hôpital. Il a été relâché à 13h.

Un maire-cadi !…

« Nous voulons voir le maire pour évoquer deux sujets : la possibilité de s’entrainer au chigoma dans une salle, et l’état de délabrement du quartier de Kawéni », nous expliquait ce matin Hithouwan Ibrahim, le directeur de l’association Jeunes Talents (AJT) de Kawéni, qui accompagne ces jeunes.

Il a pu expliquer au maire ce qu’il nous avait rapporté : une convention avait été signée par la précédente majorité municipale, « sans date de fin », qui autorisait les jeunes à s’entrainer sous le préau de l’école T12. « Ils n’utilisent ni eau, ni toilettes, contrairement à ce que les élus ont voulu faire croire pendant notre échange ». Des élus qui reprochent une manipulation de certains habitants du parti LR, comme ils nous l’ont glissé en matinée. En tout cas, la délégation de jeunes n’aura pas de réponse satisfaisante : « on avait l’impression d’être devant un cadi, le maire nous répétait en permanence ‘Dieu est tout puissant !’ »

Ils refusent de s’entrainer sur le parking en attendant qu’ouvre la MJC dans deux mois : « Beaucoup de jeunes trainent avec des chiens maintenant à Kawéni, nous risquons de nous faire mordre. »

… Et un maire étranger sur ses terres

Un sujet qui a pris le pas sur le second, « du coup, nous n’avons pas abordé la question de l’état de lieux à Kawéni. » Il faut dire que le maire, tout comme son conseiller et son adjoint, étant originaire de ce quartier, les attentes étaient fortes. Et la situation est édifiante : « Entre citoyens de Kawéni, nous nous cotisons pour financer les sacs de ciment pour réparer la route, comme le week-end dernier à Mahabourini, dans le quartier Kakal. Les pompiers ne pouvaient plus rouler sinon, ils montaient à pied ! »

La réunion s’est arrêtée net ce mardi matin lorsque quelqu’un a évoqué « les étrangers » : « Une personne s’est écriée que ‘même le maire est étranger dans ce quartier !’, ce qui ne lui a pas plu, il est sorti. »

Ils devraient avoir une réponse dans trois jours, « nous attendons donc jusqu’à jeudi une réponse satisfaisante », déclare Hithouwane  Ibrahim. Une réunion est prévue en mairie ce mercredi à 17h sur ce sujet, nous indique l’équipe de la majorité.

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

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