Yamakasi Momo, le Mahorais qui danse sur les murs

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Momo (en bleu) originaire d'Acoua et maître des déplacements urbains à La Réunion
Momo (en bleu) originaire d’Acoua et maître des déplacements urbains à La Réunion

C’est l’histoire d’un gamin, d’un film, d’une prise électrique et d’un mur… Le début d’une success-story pour Momo Saïd Toto. Actuellement à l’affiche d’un festival de la Réunion avec une pièce chorégraphique hors normes, le jeune homme fait grimper l’admiration de tous, aussi rapidement qu’il se joue des 3 dimensions.

«Ce qu’on fait, c’est un peu à l’image du métissage de la Réunion. C’est un mélange, avec le côté contemporain et le spirit… On a monté le spectacle en deux semaines. Le chorégraphe ne connaissait pas notre univers. Nous, on ne le connaissait pas non plus. C’était vraiment une rencontre, un partage et une vraie création», raconte Momo.

Le parcours du jeune homme n’a pas été simple, arrivé seul à l’âge de 10 ans à La Réunion alors que ses parents restent dans son village natal d’Acoua. Eux, rêvent d’un avenir meilleur pour leur fils. Lui, doit apprendre à vivre ailleurs, avec le kibushi pour unique langage.

Rapidement, il va pourtant trouver d’autres moyens d’expression. Fan du film Yamakasi qui met en scène les fondateurs d’une discipline inconnue du grand public (ADD, l’art du déplacement), il fait des immeubles de son quartier d’adoption un nouveau terrain de jeu : comme ses héros, il pratique le parkour, l’art athlétique du déplacement urbain. «Traverser les murs pour se faire des amis», l’histoire commence.

Une bande de bosseurs

Un festival pour passer des murs du parvis à la scène
Un festival pour passer des murs du parvis à la scène

Au collège Bourbon de Saint-Denis, il monte un premier crew avant de fonder l’association New Gravity sous l’impulsion de son ami Ludovic Mazeau, figure du petit monde des traceurs (pratiquants du Yamakasi) que tout le monde appelle «le Coach».
«J’ai débuté seul mais à force de grandir, j’ai découvert que le parkour, c’est mieux de le pratiquer en groupe et de le faire partager», confie le jeune homme aujourd’hui âgé de 20 ans.

En 2011, le Conseil général de La Réunion décide d’embellir le parvis du TEAT (théâtre) Champ Fleuri et d’y créer un jardin d’enfant. Momo investit les lieux et y découvre une prise électrique: de quoi s’entraîner en musique ! Ce petit branchement devient le point de ralliement quotidien d’une bande croissante de traceurs qui s’entraînent dur.

Du parvis à la scène

Le directeur du TEAT les rencontres, les encourage à découvrir des spectacles et de nouveaux horizons artistiques jusqu’à ce que le crew soit invité à se produire sur le parvis à l’occasion du festival Total Danse, et de nouveau en 2014 pour Toto Total.

Emergency, la 1ère pièce chorégraphique de New Gravity et du chorégraphe Jérôme Brabant
Emergency, la 1ère pièce chorégraphique de New Gravity et du chorégraphe Jérôme Brabant

Momo rencontre alors le chorégraphe Jérôme Brabant, qui donnera naissance à leur toute première création pour la salle: Emergency. «On a voulu vraiment mettre en avant le côté urgence, de dire, de vivre, de partager…»

Revenir à Mayotte

Aujourd’hui, Momo a un manager et les amis qui lui manquaient. New Gravity est devenu le centre de gravité de sept garçons et trois filles : Mousta, Kriis, Élii, Adèle, JB, Éric, Myriam, Tanguy, Lilou… et Momo dont la passion de la transmission est intacte. Car pour lui, se produire, c’est bien. Mais c’est parvenir à faire partager sa passion qui le motive vraiment. «C’est un sport qui n’est pas connu dans l’île, et j’ai vraiment envie que beaucoup se l’approprient. Déjà, la mairie a fait en sorte qu’on ait notre parc de jeu. C’est un bon début». Et toujours avec cette même idée de transmettre, le jeune homme a passé son diplôme d’éducateur sportif.

Alors que le succès est au rendez-vous, Momo n’a pas oublié Mayotte, loin de là. «Je ne suis revenu qu’une fois, il y a 5 ans, quand j’étais au lycée. Aujourd’hui, si je reviens, c’est pour faire découvrir ma discipline et la partager avec ceux qui veulent la pratiquer. Je ne sais pas comment ça peut être là-bas, mais je suis sûr que ça peut cartonner»… L’appel est lancé auprès de tous ceux qui pourraient accompagner l’émergence de nouveaux Yamakasi mahorais.

RR
remi@lejournaldemayotte.com

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