Tanchiki Maore primé par la Fondation MMA des entrepreneurs du futur

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Les salariés de MAP, tout de rose vêtus
Les salariés de MAP, tout de rose vêtus

Le prix des Bonnes nouvelles des Territoires de la Fondation MMA des Entrepreneurs du futur est destiné à soutenir et encourager les initiatives, l’innovation et la capacité des entrepreneurs et des territoires à tirer parti des mutations démographiques, environnementales, technologiques et celles liées aux nouveaux usages.

Depuis 7 ans, Tanchiki Maore a continué à développer ses activités. Sont nés MIP, Mahorais Intervention Propreté, de désinfection des caniveaux et bennes, et Mahorais Bling Bling, pour le côté « m’as-tu-vu » des longues limousines louées pour les mariages. Soit 32 salariés en tout.

Démarché pour participer au Grand Prix 2016 des Bonnes nouvelles des Territoires, son dossier se mêlait aux 400 reçus en septembre 2015. Puis aux 250 sélectionnés, pour enfin faire partie des 12 heureux élus, primés le 8 juin prochain. Une performance : « Je ne sais pas encore si ce sera le 1er prix ou un autre, mais c’est énorme qu’un mahorais se retrouve à cette place. Je suis d’ailleurs le seul ultramarin rescapé ! »

Son 1er camion si vieux qu’il était classé véhicule de collection

Tanchiki Maore: "Nous avons tout pour y arriver sur cette île!"
Tanchiki Maore: « Nous avons tout pour y arriver sur cette île! »

Car lorsque son dossier a été examiné par les 40 membres du jury, il a marqué les esprits. Par son origine d’abord, « ils ne savaient pas où était Mayotte, et le président national des Chambres de Commerce a demandé à la CCI Mayotte mon extrait de Kbis ! »

Par son parcours ensuite, lui qui a su surmonter les frein d’un difficile contexte mahorais : « J’ai investi dans la société avec mes fonds propres, après avoir économisé sur les trois années où j’avais été salarié. » Il a ainsi versé 48.000 euros de capital, en jouant modeste : « J’ai acheté un camion si vieux au départ, classé par ses plus de 30 ans en véhicule de collection, qu’ils l’avaient caché aux services de Douanes ! »

Maintenant, toutes activités confondues, il possède 16 camions et a toujours une forte volonté de développement, « notamment de reprise d’un projet touristique, et pour la création d’une alternative maritime aux transports terrestres et ses routes engorgées. »

« Nous avons tout pour réussir »

Tanchiki Maore devant un de ses camions de vidange
Tanchiki Maore devant un de ses camions de vidange

Son bonheur, il le veut contagieux. S’il communique avant même de connaître le résultat final du 8 juin, c’est pour prouver qu’on peut y arriver : « La situation est difficile mais il ne faut pas perdre espoir. Nous avons tout pour réussir sur cette île. Nous, entrepreneurs, devons donner espoir à l’économie, les élus aussi. Nous devons croire dans notre île.» Il déplore le manque d’infrastructures dédiées aux touristes, aux enfants, « et l’insécurité finit par enfoncer le clou. »

Un tourbillon de mauvaises nouvelles qu’il veut laisser de côté, « j’ai 5 millions d’euros d’investissement sur le dos, j’ai 400.000 euros dehors quand il faut payer chaque mois 64.000 euros de salaires. J’y arrive parce que j’y crois. » Le jury a été impressionné par son parcours, rapporte-t-il.

Il faut dire que Tanchiki Mahorais c’est aussi celui qui fait venir l’humoriste Gohou en soirée à Koungou, sécurisé par les jeunes du village, avec des bénéfices reversés aux associations du village, c’est encore celui qui prévoit d’organiser des kermesses pour les mêmes jeunes pendant les vacances, « je viens de la rue, c’est normal que je lui redistribue », aime-t-il répéter.

Quand il est revenu de métropole il y a 8 ans, pour créer son entreprise d’assainissement, la honte se lisait dans le regard de son père, « vider le caca des autres, ce n’était pas ce dont il avait rêvé pour son fils. » Six mois après, il l’avait convaincu : « Je me suis battu pour lui montrer qu’il avait tort. » C’est ça la force du directeur de MAP, la volonté d’y arriver, et de redonner espoir. Le 8 juin, c’est Jean-Pierre Raffarin, Sénateur de la Vienne, qui remettra le prix.

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

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