Même si les manifestants sont finalement arrivés tardivement, vigilance orage oblige, l’Intersyndicale FO, CGT, CFDT, FEAN, FSU, Solidaires, ne cachait pas son insatisfaction, elle qui avait rêvé d’une forte mobilisation unitaire pour l’adaptation intégrale et immédiate du code du travail à Mayotte : « On met en garde le gouvernement : s’il désespère la population, on risque de se retrouver avec des actions violentes commises avec l’énergie du désespoir, rendant possible de possibles émeutes », avertit Frédéric Muller, FSU SNEP.
Ils n’étaient qu’une centaine sur la place à 9h30, et au départ de la manifestation, 230 selon la police, environ 400 pour les syndicats. Les secteurs publics et privés étaient tous les deux représentés.
Fortement visible la trentaine de salariés aux tee-shirt rouges de SFR portaient les revendications générales d’adaptation du code du travail et des conventions collectives, mais pas seulement : « Les première négociations annuelles obligatoires se sont mal passées, notamment sur les demandes de panier repas ou de primes de transports, qui sont prises en charge à 90% à La Réunion, mais rien ici. Nous réclamons juste un alignement », rapporte Anrmy, délégué syndical UI CFDT, qui veut que les salariés locaux de l’opérateur, filiale de SRR, abandonne cette image de « salariés riches » : « Nous sommes plutôt des salariés d’une entreprise riche dont les bénéfices partent à La Réunion, et qui nous a seulement reversé 1% de revalorisation des salaires. »
L’ancienneté des carrières des fonctionnaires en question
Un peu plus loin, les dockers de la SMART sont regroupés, « nous sommes venus en soutien de la revendication générale », eux que le leader de la CGT Ma Salim Nahouda a toujours largement soutenu.
Les enseignants du secondaire sont bien représentés, « nous réclamons l’alignement de l’indexation des salaires à 53% avec La Réunion », invoque Port Saïd Ansiffoudien, FSU, « sinon, les enseignants ne resteront pas. Déjà, à la prochaine rentrée, il y aura plus de contractuels que de titulaires. »
Allocations familiales, retraites, les droits non appliqués dans leur intégralité à Mayotte « alors que les devoirs comme les impôts sont dus immédiatement. Il faut même payer avant de réclamer ! », sont aussi réclamés.
Mais beaucoup de manifestants s’accordent à dire que si le gouvernement avait cédé sur la prise en compte de l’ancienneté de ces ex-fonctionnaires de la collectivité, basculés dans la fonction publique, « il n’y aurait plus personne dans la rue ! «
« Des élus, tous des vendus ! »
Le ton monte lorsque El Hanziz Hamidou, pour la CFDT, et Salim Nahouda, pour la CGT Ma, prennent la parole : « Nous voulons l’application intégrale des codes du travail et de la sécurité sociale, et non rester dans une spécificité législatives. Les 4 anciennes colonies l’ont réclamé, elles sont maintenant en droit commun, mais nous qui sommes français depuis 1841 nous n’avons toujours rien », relèvent-ils.
Sali Nahouda glissera une petite mention pour les élus, « tous corrompus, comme les services de l’Etat. Bien qu’ils aient déposé plainte, je réitère ! »
Le flot des manifestants après un tour du rond point du Commandant Passot, s’est dirigé vers le conseil départemental. Là, ils sont entrés par force dans une enceinte qui avait été bouclée, en criant : « Nos élus sont corrompus, ils ne savent pas dire non, mais nous, nous ne revoterons pas pour eux ! » La réunion du Réseau de Développement durable fut brièvement perturbée, jusqu’à ce que les grévistes constatent l’absence des élus.
Ils sont reçus depuis 11h en préfecture, et annonce d’ores et déjà la poursuite du mouvement.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte