Mayotte: La mesure du ministère de l’Intérieur pour éradiquer la délinquance en 2 ans

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Passer par le commissariat pour se déclarer et non par le tribunal pour se faire juger

Rémunérer les délinquants pour en faire des citoyens respectables. Le ministère de l’Intérieur s’apprête à dévoiler un dispositif inédit pour venir à bout de la crise sécuritaire majeure que nous connaissons dans notre département. Plutôt que de traquer les auteurs de crimes et de délits, l’idée est de les transformer en allocataires du «bien vivre ensemble».

«Les causes essentielles de la délinquance reposent sur le fossé entre ceux qui disposent d’un mode de vie confortable et les plus démunis. Avec ce système, les délinquants peuvent bénéficier des moyens essentiels pour prétendre s’insérer dans la société de façon tout à fait classique, sans avoir recours à des actes répréhensibles», explique un proche du ministre de l’Intérieur.

Des allocs’ antivols

Concrètement, ceux qui auraient commis un acte délictueux durant les derniers mois ou qui seraient tentés d’en perpétrer un, devront se rendre au commissariat ou dans une caserne de gendarmerie du département. Là, ils y rempliront le nouveau formulaire CERFA créé pour ce dispositif, dans lequel ils se déclareront en tant que «délinquants». Ils devront préciser les actes commis et reconnaître d’éventuels préjudices subis par leurs victimes.

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Une fois le formulaire rempli, non seulement ils échapperont à toute poursuite, à condition de restituer le butin des vols et cambriolages commis, mais ils disposeront aussi d’un véritable statut qui leur ouvrira un grand nombre de droits. Non seulement ils disposeront d’un accès facilité aux offres de travail à Pôle emploi, d’entrées gratuites au cinéma et de carnets de 10 trajets en taxi-brousse, mais ils pourront également se voir attribuer une allocation mensuelle pouvant aller jusqu’à 997,60€ par mois.

« Tout ça sans risquer de se blesser »

«C’est un montant qui a été calculé au plus près de la situation rencontré sur le terrain à Mayotte», indique une source du ministère des Outre-mer qui confirme la mesure. «Cette allocation a été calculée pour représenter 4 fois le montant moyen de ce que rapportent les cambriolages à leurs auteurs chaque mois à Mayotte. De cette façon, dès le mois de juin, ils pourront percevoir une somme bien plus importante que s’ils continuaient à pénétrer illégalement dans les habitations ou les entreprises. Tout ça, sans risquer de se fouler une cheville en escaladant une façade ou de se blesser en brisant un naco».

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Des stages de « délinquants anonymes » au CHM pour lutter contre la dépendance aux  délits

Pour autant, devenir un «non-voleur professionnel» implique une obligation : ne commettre aucun forfait dans les six mois suivant la reconnaissance de son statut de «délinquant», ce type de dossier étant renouvelable chaque semestre. Dans le cas contraire, les peines seraient extrêmement lourdes : évidemment rembourser l’intégralité de l’allocation perçue, des peines de prison, mais aussi être contraints de suivre des stages de «délinquants anonymes», sur le modèles des alcooliques qui tentent de se désintoxiquer de leur dépendance à l’interdit.

Bien moins chers, mêmes indexés

Le gouvernement s’apprête à faire face à de violentes critiques face à ce dispositif particulièrement innovant. Mais il dispose déjà d’un argument imparable : son coût. Verser moins de 1.000 euros par mois à des délinquants repentis coûte bien moins cher que d’entretenir le système de sécurité et de justice de notre département, même si, à terme, les bénéficiaires du statut de «délinquant» devraient profiter de l’indexation.

Et dans les ministères, on est certain de la réussite de l’opération. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si certaines professions d’habitude silencieuses, des magistrats à certains gradés de la gendarmerie, sont rapidement montées au créneau pour dénoncer la mesure. Ils ont été suivis des avocats. Un proche du bâtonnier de Mayotte a confirmé au JDM son indignation face à un tel détournement potentiel de clientèle, y voyant une nouvelle mise en cause de la profession.

Quoi qu’il en soit, la mesure devrait effectivement être mise en place à Mayotte mais aussi en Guyane dès le 1er juin. L’objectif est de venir à bout de l’essentiel de la délinquance en deux ans. C’est la période jugée nécessaire pour placer sous allocation la plupart des petits malfrats de nos territoires.

RR
www.lejournaldemayotte.com

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