Un mot d’ordre qui peut devenir réalité

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Rasta, le président de l'AJKE de Kawéni, devant les lieux du crime lors de la marche blanche ce lundi
Rasta, le président de l’AJKE de Kawéni, devant les lieux du crime lors de la marche blanche

Premier vol avec homicide à Mayotte, et la première réunion provoquée en urgence par la préfecture n’a pas été à la hauteur. Si des propositions concrètes ont été émises, elles n’ont pas été relayées par un branle-bas de combat général. En résumé, en dehors des associations, aucun décideur ne porte vraiment le sujet au point de le rendre prioritaire dans son action.

Les élus pas plus que les représentants de l’Etat n’ont présenté de réponse à la hauteur de l’urgence ce lundi. Si les parents n’ont plus les mêmes repères que leurs enfants, et se sentent diminués dans leur autorité parentale, l’autre partie de la population ne peut supporter cette déficience sans être épaulée. Par des forces de l’ordre en nombre suffisant, par des services judiciaires nantis d’outils adéquats, par un Etat qui se sente concerné par leur quotidien.

La presse nationale n’a jamais été aussi nombreuse à relayer les évènements sociaux, non en raison du mouvement de l’intersyndicale, mais par les violences urbaines qui se sont déroulés à la marge. Même si l’image de Mayotte n’en sort pas grandie, que des mutations seront certainement annulées, que le tourisme très embryonnaire va en prendre un coup, l’île ne peut pas continuer à vivre ainsi sur une corde raide, avec une immigration non prise en charge et des mineurs laissés à eux-mêmes. Espérons que cet écho national ébranle quelques murs dans les ministères parisiens.

Quand les faits divers ne le sont plus

Une pierre dans la main... la casse n'est pas loin
Une pierre dans la main… la casse n’est pas loin

Les habitants ne savent plus dans quelle direction regarder, la démission des élus étant actée par la plupart, il va falloir faire montre d’une sérieuse implication pour inverser la tendance.

Ils n’ont donc plus que ce mot d’ordre de «Mayotte, île morte», rassembleur de leurs préoccupations quotidiennes, et qui devrait en fédérer beaucoup. Car si le mouvement social de l’intersyndicale est suspendu, si les violences urbaines se sont tues, le calme de ces dernières n’est que momentané. Et pendant ce temps, cambriolages et violences aux personnes continuent. Les faits ne sont plus divers ici.

Les médias locaux, tous pour un seul titre

«Cessons de nous cacher derrière nos écrans et les réseaux sociaux pour crier notre désarroi face à l’insécurité: violence, cambriolage, raquette, meurtre, que nous subissons au quotidien! MAYOTTE, L’ILE AUX PARFUMS ET NON L’ILE DE NON DROIT. Rendez-vous au Comité du tourisme à 9h et direction la Préfecture», invite le communiqué.

«Ma préoccupation, c’est que mon entreprise continue à fonctionner, avec toutes les perturbations que nous venons de connaître», explique ce chef d’entreprise, qui laissera malgré tous les salariés volontaires à aller manifester.

La Caisse de sécurité sociale de Mayotte ferme ses portes et ses réceptions téléphoniques ce mardi 19 avril, «en soutien aux collègues qui ont subi ces derniers jours des agressions physiques, morales ou des pertes matérielles importantes et en soutien aux familles des nombreuses victimes de crimes commis ces derniers mois. La CSSM affirme sa détermination à continuer à défendre les valeurs de la sécurité sociale qui sont la solidarité, l’unité, la responsabilité et la neutralité.» La mairie de Mamoudzou en fait autant. De manière étonnante, seul le syndicat FSU Mayotte nous fait part de sa solidarité à cette « initiative citoyenne contre la violence. »

La presse locale a choisi de titrer à l’unisson, faisant de la question sécuritaire une priorité ce mardi. Ce soir, plusieurs habitants voudront se rendre chez des amis ou au restaurant, et certains se feront agresser. C’est une certitude, ce n’est pas un sentiment.

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

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