« Dans ma classe de CE1, nous sommes 31 élèves mais il n’y a que 20 places assises. Nous sommes trois par table de 2. Moi, je suis à la même table que Naquid et Ismaël. Hachmia, elle travaille sur le bureau de la maîtresse. »
Depuis des mois, le petit Robin scolarisé à Majicavo-Lamir préparait sa lettre au président de la République. Âgé de 8 ans, il est confronté, comme les autres élèves de son école, à l’état déplorable de l’établissement. Et il a fini par l’envoyer. Relayée sur twitter par son frère, elle a d’abord connu un parcours assez discret avant que les événements de ces deux dernières semaines ne focalisent la presse nationale et les réseaux sociaux sur la situation à Mayotte.
La demande de Robin était simple: «18 tables et 36 chaises pour mon école car les 5 salles de classe ont le même problème. Avec ces 18 tables et 36 chaises, vous permettrez aux 10 classes de l’école de travailler».
Le petit Robin relance le président
Et la présidence de la République a bel et bien répondu, le 23 février, 10 jours après l’envoi du courrier. La lettre, signée du chef de cabinet de la présidence, est un modèle passe-partout. «Le Chef de l’Etat, particulièrement sensible à ta démarche, m’a chargée de te remercier de la confiance que tu lui témoignes en lui faisant part de tes préoccupations»… « Par ailleurs, le Président de la République tient à t’adresser ses plus vifs encouragements pour la suite de ta scolarité», conclut la missive élyséenne.
Pour le jeune Robin, pas question d’en rester là. Deuxième courrier, illico presto. Il insiste, comparant l’environnement de sa scolarité à celles de ses cousins en métropole… Et cette fois-là, les conséquences ont été un peu différentes.
Le mobilier arrive!
Ce lundi, à l’école de Majicavo-Lamir, surprise: des lots de chaises sont livrés à l’établissement.
«Je suis très contente», confie la directrice de l’école au JDM… «Mais il faudrait les tables aussi. Comment ils poser leur matériel sinon. Elles devaient être livrées hier mais elles ne sont pas encore arrivées aujourd’hui» mercredi. Elles sont tout de même attendues de pied ferme par les équipes éducatives, les élèves dont Robin… et les parents.
«Cette école, elle est formidable. C’est une des rares à Mayotte, et c’est à souligner, où toutes les communautés se croisent, avec des enfants d’origines mahoraise, indienne, malgache, mzungu… Les enfants sont extraordinaires, les parents s’investissent pour leurs enfants et font des projets pour eux, les enseignants aussi y croient…» explique le père d’un enfant scolarisé dans l’établissement.
Toute la commune de Koungou est concernée
C’est tellement vrai, que des parents ont financé un tableau qui manquait et que les enseignants achètent régulièrement ce qui peut faire défaut. Et le mouvement impulsé par l’école de Majicavo-Lamir va maintenant bien au-delà.
«Le bénéfice de cette action est bien plus large. Au total, sur la commune de Koungou, ce sont 3.000 chaises et tables qui devraient arriver pour l’ensemble des écoles de la commune. La mairie a fait une demande groupée», explique ce parent d’élève.
La lettre est donc arrivée au bout d’une longue lutte pour se faire entendre… «On s’habitue à des choses anormales. Ca n’empêche, que le combat des parents qui a été constant continue», explique ce père de famille. Les prochaines luttes vont concerner les rats qui ont investi l’école attirés par les déchets des quartiers alentours, les fuites d’eau et les toilettes qui ne sont qu’au nombre de 4 pour 500 élèves…
RR
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