La stagnation du tourisme incite à réorienter les politiques

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Fatimatie Razafinatoandro évoquait la prochaine ligne directe, "qui va inciter au tourisme"
Fatimatie Razafinatoandro : « nous collectons les données après les évènements sociaux que nous venons de vivre »

Le Comité départemental du tourisme et l’INSEE présentait ce jeudi le résultat de l’enquête annuelle sur les flux touristiques à Mayotte, « la première que nous ayons menée sur le territoire avec celle sur les prix », souligne Jamel Mekkaoui, Chef du service régional de l’INSEE.

Une enquête effectuée dans le point d’entrée quasi unique, « une chance ! », des touristes à Mayotte, l’aéroport de Pamandzi, « avec un questionnaires remis tous les 4 jours, qui touche 56 vols, soit 15.605 fiches exploitées. Une statistique de grande ampleur. »

Premier élément, le nombre de tourisme en 2015, 50.700 est en stagnation par rapport à 2014, 50.500. Et s’il n’augmente pas, c’est un message négatif au regard de la dynamique espérée : « Le tourisme qui était en forte croissance, a été stoppé par les évènements sociaux de 2011, mais était reparti à la hausse en 2013 », souligne Jamel Mekkaoui.

De moins en moins depuis La Réunion

Michel Ahmed appelle chacun à innover
Michel Ahmed appelle chacun à innover

Parmi les trois types de touristes, affinitaires, qui viennent voir famille ou amis, d’agrément, pour le territoire ou d’affaires pour l’activité professionnelles, ce sont les premiers qui ancrent un peu fortement plus leur présence : avec 32.300, ils sont 17% de plus à être venus voir familles ou amis en 2015. Une proportion de touriste qui atteint 64% du total. Pour la seconde année consécutive, le tourisme d’agrément chute, -13%, alors que le tourisme d’affaire ne se porte pas mieux, -29%.

Ils viennent de plus en plus de métropole, six sur dix, au détriment de La Réunion, « la proximité rend plus sensible à l’activité sociale du territoire », appuie Jamel Mekkaoui.

L’inconvénient avec les touristes affinitaires c’est que, par définition, ils logent chez la famille qui les accueille. Les hôtels et gîtes sont donc les grands perdants : « un touriste sur cinq s’y rend. » A La Réunion, l’hébergement est fortement soutenu par la demande locale, ce qui n’est pas le cas à Mayotte.

Les résidents, de potentiels touristes

Jamel Mekkaoui propose des pistes avec un zoom sur le tourisme des résidents
Jamel Mekkaoui propose des pistes avec un zoom sur le tourisme des résidents

Les touristes restent 26 jours en moyenne, avec de fortes disparités, selon la destination d’origine, « on reste plus longtemps quand on vient de métropole », et les affinitaires passent plus d’un mois en moyenne quand les touristes d’agrément ne consacrent à leurs vacances sur place que 15 jours, et les professionnels 11 jours. La mise en place de la ligne directe sera un plus, avec l’espoir que les prix de billets chutent.

Les recettes issues du tourisme ne sont pas très élevées, 26, 3millions d’euros, 2% de plus qu’en 2014, qu’il faut mettre en rapport avec une dépenses quotidiennes de 15 euros par jour, contre 32€ à La Réunion.
Point positif, nos touristes repartent heu-reux à 86%, « c’est important pour le bouche à oreille ensuite, et le potentiel que ça induit », mais attention, la contestation monte sur le critère du rapport qualité-prix, « autant en matière d’hébergement que de tarifs aériens. »

Face à ces données, le CDTM se veut réactif. Tout d’abord, puisque les touristes viennent de plus en plus par affinité, autant réorienter les politiques de développement en les intégrant : « Nous ne sommes pas la seule destination domienne à le constater. Il faut donc développer nos offres sur place. Il faut se demander que font les hébergeurs pour attirer les touristes », lance Michel Ahmed, directeur du CDTM.

« C’est pourquoi nous avons lancé un focus sur le tourisme des résidents mahorais », répondait en écho Jamel Mekkaoui. En comprenant comment fonctionnent les résidents à l’extérieur, on va cerner leur demande, et développer le tourisme local : « 104.300 résidents de Mayotte se déplacent chaque année pour aller prioritairement en métropole, durant 30 jours, mais aussi à Madagascar, aux Comores ou La Réunion, 20 jours.

L’image ternie de Mayotte

Le lagon ne peut pas tout à lui tout seul...
Le lagon ne peut pas tout à lui tout seul…

L’insécurité et les derniers événements s’invitent bien sûr au programme, « nous avons eu des annulations, les gens sont inquiets », consent Michel Ahmed, que complète sa présidente, Fatimatie Razafinatoandro, « nous réunissons les éléments et lancerons certainement une campagne de communication adaptée. » La saleté est également mise en avant, « nous relançons les brigades vertes depuis le début de l’année, sur 6 plages, Musical, Hamourou, Sakouli ; Tahiti, Sohoa et la cascade de Soulou. »

Le point négatif, à mettre en lien avec l’image noircie de Mayotte, vient des touristes d’affaire, dont on ne peut expliquer la chute autrement que par l’inquiétude des investisseurs : « Beaucoup de surface de vente sont vacantes. C’est un élément d’alerte », souligne le directeur de l’INSEE Mayotte.

Michel Ahmed rappelle sa maxime, « le tourisme est le miroir de la société. Quand l’économie va bien, le tourisme aussi. » Et l’économie touristique, c’est notamment l’hébergement, ce sont les produits d’artisanat, « si on peut épauler, il n’y a que la population qui peut s’en saisir. »

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

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