L’Education nationale est toujours à la peine face à la démographie scolaire de notre département. Et si on parle beaucoup des bâtiments ou des postes d’enseignants manquants, on évoque moins souvent les autres services que l’école n’assure pas convenablement… Mais aussi le département et les communes. Ainsi, l’UNSA Education lance une alerte sur «les difficultés» du service social à disposition des élèves pour assurer un accompagnement convenable.
«Nous l’avons fait dans le cadre du ‘Conseil de l’Education nationale à Mayotte’ (CENM) qui regroupe tous les partenaires de l’éducation à Mayotte, le vice-rectorat, les associations, les communes, les parents, les élus… L’intérêt, c’est en particulier de pouvoir sensibiliser les élus sur des sujets dont ils se moquent complètement», indique Eric Hourcade, le secrétaire départemental du syndicat.
13 assistantes sociales
Selon lui, à la rentrée de septembre prochain, Mayotte disposera de 19 assistants sociaux dans les écoles dont 5 chargés de secteurs comptant plus de 2.500 élèves. Sur les 8 collèges sur 21 classés Rep+, seuls 2 auront une assistante sociale à temps plein.
«Compte-tenu des problématiques multiples et lourdes vécues par les élèves, il conviendrait d’avoir une assistante sociale par établissement scolaire pour mener à bien les missions prioritaires de l’Education nationale en matière de suivi social des élèves et remplir notre premier objectif qui est donc la réussite scolaire.» Pour l’UNSA, «il faudrait 13 assistantes sociales de plus».
Une masse de dossiers
Car la grande précarité des élèves et de leurs familles est une réalité que le syndicat s’attache à détailler pour présenter l’ampleur de l’enjeu. Il est d’abord question de «besoins primaires», manger, s’habiller, se soigner. «L’aide liée à la scolarité se traduit par un traitement massif des demandes de fonds sociaux. Durant l’année scolaire 2013/2014 , 7.139 dossiers ont été instruits par les assistants sociaux scolaires». Cette masse de demande représente donc 549 dossiers pour chaque assistant social.
Que ce soit également pour l’accompagnement des jeunes mères mineures, la protection face aux violences intrafamiliales, le travail de médiation lors des conflits familiaux, le signalement des mineurs isolés au service compétent ou la régularisation administrative de lycéens en situation irrégulière pour permettre une poursuite d’études post-bac, «les assistantes sociales font en moyenne 10 entretiens par jour», affirme l’UNSA. C’est quasiment un tiers de la population scolaire qui est reçue.
L’Education nationale tente ainsi de palier avec ses propres carences, les manquements du département en matière de protection de l’enfance.
Les responsabilités du département et de l’Etat
Le syndicat continue de déplorer ainsi le faible nombre de famille d’accueil, 74 selon l’UNSA et l’absence de foyers éducatifs. C’est aussi l’absence de service social en faveur des étudiants qui est dénoncée : «Certains élèves en classe de BTS en situation de précarité ne peuvent pas prétendre à une aide financière pour pallier aux besoins primaires au sein des lycées car le budget des fonds sociaux serait réservé uniquement aux demandes des lycéens».
L’Etat est également renvoyé à ses responsabilités face aux différences qui existent encore entre les prestations sociales à Mayotte et les équivalents en métropole, avec par exemple un RSA moitié moins important, une allocation adulte handicapé à 40% du niveau hexagonal, l’allocation enfant handicapé 30% inférieure à Mayotte… Alors que le complément familial et l’allocation soutien familial n’existent pas encore chez nous.
Au final, l’UNSA Education signale donc l’ampleur du chemin qui reste à parcourir sur ces dossiers alors que le syndicat crée une section pour les assistantes sociale. «Il est grand temps de prendre la mesure des responsabilités que nous partageons tous pour la protection de l’enfance à Mayotte», indique Eric Hourcade. Si les responsabilités sont partagées, chacun doit réellement en prendre sa part.
RR
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