A la recherche des sportifs mahorais de haut niveau. Ce pourrait être le pitch d’une téléréalité. Sauf qu’ici, c’est du sérieux. Il s’agit de l’opération «Jeunes talents de Mayotte» de la direction jeunesse et sport (DJSCS) qui en est, cette année, à sa 4e saison. Pour les jeunes détectés par le dispositif, direction un parcours prometteur qui commence à La Réunion et pourrait se terminer en métropole, du CREPS (centre de ressources, d’expertise et de performances sportives) vers les pôles espoirs et pourquoi pas les pôles France…
Ce weekend, ce sont les jeunes handballeurs (U14) et basketteurs (U13) de Mayotte qui tentent leur chance. La semaine prochaine, ce sera le tour des footballeurs (U13). Le comité de judo a déjà un nom à proposer et deux jeunes rugbymen sont également déjà sortis du lot le week-end dernier à la Réunion. «Ces deux jeunes vont vivre la dernière partie de cette détection, avec les conseillers techniques de La Réunion et le représentant de la DJSCS réunionnaise Jérôme Henric… Et ce n’est pas la partie la plus facile, loin de là», explique David Hervé, de la DJSCS de Mayotte.
Une détection pas seulement sportive
Ils vont en effet devoir passer une série d’entretiens pour que les techniciens évaluent leur personnalité, leur degré de motivation, l’investissement de la famille et concluent sur la faisabilité financière du projet.
Pour les rugbymen par exemple, la DJSCS dispose de 6.500 euros par jeune pour financer billets d’avion et hébergement au CREPS de La Réunion pendant la semaine. Mais le weekend reste à la charge de leur famille. Là-bas, ils sont hébergés dans des familles d’accueil auxquelles il faut verser 300 euros par mois. Les parents aussi passent donc les entretiens.
Des beaux parcours en exemple
Lors de cette phase ultime, les jeunes doivent enfin plancher sur des tests scolaires car c’est un projet de parcours complet qu’il s’agit de construire. D’ailleurs, les 11 Mahorais qui sont encore dans ce dispositif, après avoir été détectés lors des éditions précédentes, ont tous de très bons niveaux scolaires, s’enthousiame David Hervé. «On a même un jeune qui a un 18 de moyenne à la Plaine-des-Cafres !»
Car si le système ne permet à beaucoup de jeunes d’en profiter, rarement plus de 5 au chaque année, il fonctionne très bien. Ainsi, Manon Seguier, judokate de 17 ans au CREPS de Nice, vient de participer à ses 1ers championnats de France. Fayzat Djoumoi, basketteuse de 15 ans pourrait intégrer le centre fédéral du basket.
Et Noussourati Matoungou, joueuse de rugby de 16 ans que le JDM était allé rencontrer dans sa famille à Mtsamboro avant son départ, poursuit un très beau parcours à Rennes.
Découvrir le monde
Les détections mahoraises passées, il restera encore aux dossiers de nos jeunes talents à franchir l’ultime filtre, celui de la sélection finale sur dossier complet à La Réunion le 24 mai prochain. On connaîtra alors le nom des heureux élus qui partiront à Saint-Denis (hand, judo rugby) ou à la Plaine-des-Cafres (basket, foot).
«Pour ces jeunes, même pour ceux qui n’iront pas vers la voie du sport de haut niveau par la suite, ce départ est déjà synonyme de changement de vie, avec un encadrement scolaire étroit et la possibilité de découvrir autre chose. Cette détection, c’est le début du chemin pour découvrir le monde, c’est aussi une des réussites du dispositif», note David Hervé.
Pour l’an prochain, les équipes de la DJSCS imaginent améliorer le fonctionnement d’une machine à présent bien rodée, en suivant beaucoup plus en amont dans l’année les jeunes susceptibles d’être détectés.
RR
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*Le dispositif est financé pour 70.000 euros par la DJSCS et à 10.000 euros par le département.