C’était une lourde fin d’après-midi à Moroni. Ce samedi, la parole que tout le pays attendait s’est enfin faite entendre. Le président de la Cour constitutionnelle des Comores a annoncé ses décisions quant aux requêtes déposées par les candidats encore en lice pour le 2nd tour de la présidentielle et pour les gouvernorats des 3 îles de l’Union.
Mohéli et Grande Comore ont un gouverneur. Il s’agit de Mohamed Said Fazul (élu avec 63,3%) pour la première et Hassani Hamadi (62,12% des voix) pour la seconde.
En revanche, la Cour constitutionnelle ne valide pas les résultats de l’île d’Anjouan, ni pour l’élection présidentielle ni pour l’élection du gouverneur. Après avoir énuméré la liste des bureaux de vote pour lesquels la Cour s’est astreint à un recomptage des bulletins et à une vérification minutieuse des procès-verbaux, le président de l’institution a annoncé ne pas pouvoir être en mesure d’assurer la sincérité des scrutins à Anjouan.
De nombreux incidents avaient en effet empêché la tenue normale des opérations de vote, le 10 avril dernier.
Des partielles après des générales
En conséquence, le pays va vivre une situation peu banale : l’organisation d’élections partielles pour compléter les élections générales. 6.305 électeurs anjouanais sont à nouveau appelés aux urnes pour un scrutin qui ne concerne que 13 bureaux de vote.
Et ces 6.305 électeurs auront dans leurs enveloppes, un bout de la clé de cette élection présidentielle. Car si le sort de Mouigni Baraka (crédité de 19,15%) semble réglé, les deux hommes en tête ne sont séparés que de 2.140 voix.
Avec 40,98% pour Azali Assoumani et 39,47% pour Mohamed Ali Soilihi, le «revote» des 13 bureaux sur les 256 que compte Anjouan pourrait donc faire basculer le scrutin d’un côté ou de l’autre. Ce n’est d’ailleurs probablement pas un hasard si Azali Assoumani avait dit son opposition très claire à la tenue d’éventuelles élections partielles, finalement décidées par la Cour constitutionnelle.
15 jours
Et pour ce nouveau vote, les choses ne devraient pas traîner. Pas question de repartir dans un cycle de campagne. La Cour demande la tenue du scrutin «dans les 15 jours». Les élections étant organisés le dimanche dans le pays, on peut donc imaginer que huit jours seraient un peu courts pour assurer la logistique et permettre un vote dès le 8 mai. Un nouveau scrutin le 15 mai est le plus probable.
En effet, cela laisserait le temps, avant le 23 mai, de dépouiller ces 13 bureaux, d’additionner les résultats aux 710 autres bureaux de votes des Comores pour lesquels le scrutin du 10 avril dernier est validé, et de procéder aux annonces officielles. Car le 23 mai est le jour prévu de l’investiture du nouveau président. Celle des 3 gouverneurs est, quant à elle, fixée au 26 mai.
Dans une déclaration diffusé dans la soirée, la diaspora de Marseille a fait part de sa «stupéfaction». On attend maintenant la réaction des 3 candidats qui devront se plier à la décision.
A Moroni, l’ambiance était très particulière, comme le relate la presse locale. C’est une ville vidée de nombre de ses habitants et avec beaucoup de commerces fermés, qui attendait ces annonces. Les craintes que la colère ne s’exprime dans la rue a poussé de nombreux habitants de la capitale à se mettre au vert.
RR
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