Implanté sur notre territoire depuis 15 ans, le Secours Catholique (Réseau mondial Caritas) s’est donné quatre missions auprès de la population de Mayotte : l’accès au droit et à l’égalité des chances, le soutien à l’éducation et aux solidarités familiales, le développement des pays de la région tels que les Comores et le vivre ensemble entre toutes les communautés. Cette dernière mission connaît une résonance toute particulière au regard de l’actualité de ces derniers mois puisque des habitants de certaines communes de l’île chassent des personnes en situation irrégulière de leurs villages. Des « expulsions » de Comoriens sont même prévues à Bouéni ce dimanche. Le JDM s’est entretenu sur ces questions avec le délégué du Secours Catholique de Mayotte, Benoît Gizard.
Le JDM. Vous avez célébré les «70 ans du Secours Catholique» à Mayotte en insistant sur la rencontre entre communautés…
Benoît Gizard. Oui, il nous a semblé que la meilleure façon de célébrer les 70 ans du Secours Catholique a été d’ouvrir la communauté chrétienne à nos frères musulmans. C’est ainsi que deux groupes de déba (danse traditionnelle mahoraise, ndlr) ont pris place sous le faré de la mission catholique dimanche. Entre 100 et 150 personnes ont pu ainsi faire connaissance et lancer des pistes pour des projets communs. Je suis convaincu que beaucoup de liens se tissent entre les deux communautés. Et selon moi, à ce titre, Mayotte est un exemple pour la France entière.
Malheureusement, l’actualité tend à prouver que ces liens entre communautés se délitent. Quel est le but du courrier que vous cosignez avec la CIMADE pour protester contre les expulsions ?
Benoît Gizard. Nous sommes effectivement partie prenante de ce courrier inter-associatif à l’initiative de la CIMADE. Le but de cette lettre est d’interpeller les pouvoirs publics pour qu’ils réagissent face à ces expulsions.
Mais cette rivalité, on peut la retrouver également dans notre centre Nyamba au sein duquel nous accueillons 120 jeunes entre 16 et 25 ans, d’origines diverses : certains sont nés à Mayotte mais d’autres viennent des Comores, de Madagascar, etc. Nous agissons sur ces problématiques en témoignant de valeurs de respect, d’amitié, de fraternité. Nous comptons également inclure dans nos formations à destination des jeunes et des bénévoles ces valeurs fondamentales.
De jeunes musulmans peuvent-ils être réticents à l’idée de demander de l’aide à votre structure de confession catholique ?
Benoît Gizard. Non, je ne crois pas. L’année dernière, nous avons reçu 500 demandes pour notre centre Nyamba, et rien que ce matin, 30 demandes. C’est un signe de réussite du centre.
Quels sont les futurs projets de la délégation du Secours Catholique à Mayotte ?
Benoît Gizard. Nous comptons développer à partir de l’année prochaine des projets communautaires, en se rendant dans les villages d’origine des jeunes que nous accueillons pour porter un projet avec eux et leur famille. Cela peut aller de l’alphabétisation à la création d’un jardin communautaire, par exemple. Et comme je vous le disais, nous sommes en train de travailler sur nos formations pour nous faire l’écho des valeurs de fraternité.
OL
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