C’est le sud qui avait commencé ce matin à 6 heures, puisqu’à Boueni et à Moinatrindri, des étrangers ont été expulsés de leurs cases par des habitants. Seuls les familles dont l’un des conjoint est mahorais, auraient été épargnées. Certaines sont en situation régulière. Ce qui leur valent une tentative de relogement de la part de la gendarmerie, qui n’intervient toujours pas lors des « décasages ». Un relogement dans un gîte de la commune est envisagé, mais se heurte à l’hostilité croissante de la population.
Pendant ce temps, à Koungou, en milieu de matinée, des habitants ont prévu de mettre leur menace du week-end dernier à exécution en détruisant des cases flambant neuves, bâties cette semaine tout prêt de la plage en contre bas du quartier de Barakani.
Action pour atteinte à l’environnement
Le maire Assani Saindou Bamcolo s’était élevé conte cette installation illégale en avertissant le préfet de son intention d’y mettre un terme. Ce dernier aurait répondu dans un courrier que seule la justice pouvait intervenir dans une telle action.
Y voyant un blanc seing et constatant d’érection des cases, les habitants s’y sont dirigés ce dimanche 15 mai, et en ont détruit 4 : « Nous n’avons pas touché à celles où des familles sont installées », explique Allaoui, un des habitants, « nous ne sommes pas opposés à la présence d’étrangers. D’ailleurs, ceux-la louent des maisons dans le village, mais trouvent moins cher de construire des bangas sur ce terrain qui ne leur appartient pas, tout prés de la plage. Leurs eaux sales s’y déversent directement », dénoncent-ils.
Un gros manguier gît à terre, victime des récentes constructions: « c’est sur ce point que nous pouvons agir, parce qu’il y a atteinte à l’environnement », nous indique-t-on du côté de la mairie, qui précise qu’à cette emplacement d’autres infrastructures avaient été envisagées. Le terrain appartiendrait à la famille d’Alonzo, selon nos renseignements, une bananeraie est en tout cas cultivées en bordure de la construction en tôle, « il y a des vols, de la casse, nous n’en pouvons plus », explique Allaoui.
« Nous ne voulons pas de l’indépendance »
La population s’est rassemblée sur la piste, « nous ne voulons pas de l’indépendance à Mayotte. Par contre, nous aimerions que nos enfants puissent avoir des terrains pour cultiver. »
Lorsque nous quittons le sentier, les gendarmes arrivent, « pour sécuriser la zone », expliquent-ils, comme lors de chaque opération de ‘décasage’. « Il faut trouver le point d’équilibre pour que ça ne dérape pas », a expliqué aux journalistes le préfet Morsy sur le départ hier.
Les opérations se poursuivent ailleurs dans l’île, à Majiméoni la population ne peut accéder, les gendarmes en bloquant l’accès, et Mtsahara serait également touché.
Un sms est tombé sur les téléphones: « La ‘comorophobie’ a envahi Mayotte. Trouvons nous sur la place de la République à Mamoudzou en ce moment pour défendre nos droits. » A 14h, personne n’avait encore répondu présent sur la place qui porte à elle seule les valeurs de notre pays.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte