«La sur-rémunération Outre-mer, ce n’est pas un sujet aujourd’hui dans ce gouvernement. Il n’y aura pas de remise en cause de la sur-rémunération Outre-mer». Annick Girardin ne pouvait être plus claire. Dans l’émission «Les témoins d’Outre-mer» de France Ô, la ministre de la fonction publique a pris fait et cause pour l’indexation alors qu’à droite, la campagne de la primaire a fait du nombre et de la rémunération des fonctionnaires un enjeu électoral.
«Contrairement à ce que voudraient nous faire croire les candidats aux primaires du parti LR, les fonctionnaires ultramarins remplissent une mission essentielle de service public dans des territoires ou les difficultés sociales sont souvent plus importantes qu’en métropole. L’exemple de Mayotte en est la plus parfaite illustration», a-t-elle expliqué.
Et la ministre s’est en effet longuement attardée sur le cas mahorais. Chez nous, les 17.000 fonctionnaires bénéficieront d’une sur-rémunération à 40% à partir du 1er janvier prochain, contre 30% actuellement, la fin de la montée en puissance de l’indexation décidée il y a 3 ans. Mayotte rejoindra ainsi le niveau effectif en Martinique, en Guadeloupe et en Guyane, mais restera en dessous de l’indexation appliquée à La Réunion qui est de 53%.
Pour Annick Girardin, alors qu’un «plan très important de 300 millions d’euros est apporté aujourd’hui à Mayotte» (via le CPER), les crises économiques et sociales justifient le «soutien fort de l’Etat».
L’indexation pour compenser l’insécurité
Interrogée sur le fait que 800 enseignants seraient sur le départ à Mayotte selon la CGT, pour «des raisons d’insécurité», la ministre a reconnu que «oui, il y a des soucis de sécurité à Mayotte, et pour les fonctionnaires, c’est une difficulté encore supplémentaire, supérieure à un coût de la vie dans les Outre-mer beaucoup plus élevé que la métropole».
«Cette difficulté d’insécurité, il faut aussi pouvoir y répondre», a-t-elle ajouté, alors que le ministre de l’Intérieur est, de nouveau, attendu à Mayotte en septembre.
La ministre a donc confirmé ses arguments publiés mercredi dans une tribune du Huffington Post. Elle y déplore le fait que «les 163.000 fonctionnaires en poste affectés dans les Outre-Mer font régulièrement l’objet de caricatures et de fantasmes complètement déconnectés des enjeux de ces territoires. Considérés comme des privilégiés surpayés, ils sont la cible de campagnes de dénigrement qui viennent presque à nous faire douter de leur utilité sur ces territoires éloignés».
L’Outre-mer, une opportunité pour la fonction publique
Dans cette tribune, elle défend aussi «la prise en compte des centres d’intérêt moraux et matériels (CIMM) dans la loi déontologie du 20 avril dernier» qui va permettre à «ceux qui ont des attaches ultramarines fortes de pouvoir y mener leur parcours professionnel».
Enfin, s’il n’est pas un eldorado pour les fonctionnaires, l’Outre-mer est à l’inverse une «formidable opportunité pour la fonction publique», estime-t-elle. «En effet, la taille de ces territoires doit nous permettre de repenser la portée et donc l’efficacité de la fonction publique. C’est de cette réciprocité, de ces interactions entre métropole et outre-mer que doivent naitre des expérimentations ambitieuses qui dessineront la fonction publique de demain», affirme la ministre.
C’est en tout cas l’objectif proposé aux organisations syndicales pour préparer le projet de loi sur l’égalité réelle attendu à l’automne.
Ces prises de position font suite aux débats à droite et en particulier au «projet économique pour 2017» de Nicolas Sarkozy qui propose la suppression progressive de la sur-rémunération des fonctionnaires des DOM, pour économiser à terme «400 millions d’euros». De la pure «surenchère démagogique anti-fonctionnaires», a tranché Annick Girardin.
RR
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