Délogements à Mtsahara: «On va vers une grosse guerre communautaire», prédit le conseiller départemental de Mtsamboro

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Aynoudine Salimé (Photo D.R.)
Aynoudine Salimé (Photo D.R.)

Il le sait et en convient, son devoir serait de condamner le délogement des étrangers en situation irrégulière « en tant qu’élu », mais la vox populi est encore une fois plus forte : « les habitants sont arrivés à un stade d’exaspération, le vase déborde », explique au JDM Aynoudine Salimé, le conseiller départemental de Mtsamboro.

Et s’ils ne recourent pas à la justice, c’est toujours pour la même excuse, « il n’y a jamais eu aucune expulsion effective, et ça prend du temps et de l’argent pour des citoyens qui ne roulent pas sur l’or. » Souvent, les plaintes ne sont pas recevables, faute de présentation de titre de propriété par le plaignant, faille qui date d’un autre temps, celui où la loi exemptait les propriétaires terriens locaux d’en produire…

Dès vendredi les habitants se sont regroupés, « ils étaient environ 500 sur la place du village », relate l’élu qui explique être resté chez lui ce samedi, alors que se déroulaient les actions de délogement. « Quelqu’un m’a rapporté que les gendarmes ont suivi sans intervenir, juste pour s’assurer qu’il n’y ait pas de débordements. »

« Un peu comme Boinali »

Une case détruite à Koungou ce 14 mai 2016
Une case détruite à Koungou le 14 mai dernier

Difficile de savoir combien de personnes ont été décasées, « deux familles, mais beaucoup étaient parties avant l’arrivée des habitants », explique le service de communication de la gendarmerie. Quant à la Cimade, verbalement agressée le week-end dernier à Bouéni, elle n’ose pas se montrer pour ne pas envenimer la situation. Selon Aynoudine Salimé, les ‘décasés’ ne sont pas partis place de la République, mais « dans la brousse ».

A Mtsahara, comme dans d’autres villages, les habitants ne s’en seraient pas pris à ceux qui sont liés par le mariage à un ou une mahoraise, « la population considère qu’ils vivent dans des logements officiels. Et demandent qu’ils s’engagent à respecter le village. »

Il en est sûr, ces actions trop proches d’échéances électorales ne sentent pas bons : « Une guerre communautaire, une grosse rébellion, va se produire à la moindre agression, lors des actions d’expulsions de logements. Elle sera guidée avant les législatives de 2017 par quelques têtes qui veulent se faire élire, un peu comme le fut Boinali. Certains sont d’ailleurs régulièrement médiatisés sur les radios et télé. »

Ce dimanche, c’est dans le village principal à Mtsamboro que devraient avoir lieu des actions.

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

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