Comme nous tous, la DAAF se range à l’évidence: Depuis deux ans, les litchis ont été quasiment absents de nos marchés. Chaque semaine, le service envoie ses agents chargés des statistiques faire un état des lieux de 9 marchés villageois. Ils en reviennent avec une masse d’informations qu’ils viennent de diffuser dans leur nouvelle lettre mensuelle.
Si le litchi est aux abonnés absents, avec une saison très courte, à l’inverse la banane dessert et la coco sont présentes toute l’année, comme le fruit de la passion (grenadille) mais en plus faible quantité.
Au fil des saisons, les productions locales rythment ainsi la vie des marchés. L’orange et les agrumes sont présents quand les mangues sont absentes, car pour elles aussi, la saison est courte. Les trois variétés de mangues présentes en quantité à Mayotte sont les «nounou», «réfa» et «papaya» mais ces variétés ne permettent au fruit qu’une présence réduite sur nos marchés, de décembre à février.
La DAAF note qu’avec une gamme de variétés plus étendue, comme c’est le cas aux Comores ou à Madagascar, non seulement, il pourrait être disponible bien plus longtemps mais il pourrait alimenter un marché de la transformation apprécié. Jus et confitures de mangue ont en effet leurs adeptes.
L’ananas, culture à développer
Même constat pour l’ananas de Mayotte qu’on ne trouve que de janvier à juin alors qu’il pourrait être produit toute l’année, relève la DAAF. Pour cela, il faudrait généraliser la technique de «l’induction florale», ce qui lui permettrait de ne plus faire de concurrence au corossol et à la pomme cannelle, présents durant cette même saison.
L’ananas est pourtant une des cultures qui gagne du terrain à Mayotte, plus de 36% des exploitations le cultivant (contre 28% en 2010). S’il se cultive dans toute l’île, Ouangani et Chiconi sortent du lot. Dans ces deux communes, près de 40% des exploitations agricoles en produisent avec un total de plus de 10.000 pieds sur chacune de ces communes, soit plus de 600 pieds par exploitant. Ailleurs, la moyenne est plus de l’ordre de de 240 pieds dans chaque exploitation.
Cette culture semble être un modèle à Mayotte. Elle est peu atteinte par les attaques parasitaires et aucun traitement n’est recensé. La DAAF note que «le mode de culture en ‘jardin mahorais’ peut y être pour beaucoup sur cet état sanitaire relativement bon (pas d’insectes piqueurs ou autres, transmettant des bactérioses, etc). Cette situation peut laisser espérer la possibilité d’un développement important de cette production en la pratiquant de manière ‘écologiquement intensive’, répondant ainsi à un marché, ne serait-ce que local avec la forte demande en repas scolaires et collectifs (hôpital, etc)».
L’effondrement de la coco
Plus d’ananas produits depuis 5 ans, mais également davantage d’agrumes. A l’inverse, les manguiers et les cocotiers reculent, même s’ils restent majoritaires. Il s’agit même d’un effondrement concernant la coco, qui n’est plus présente que dans 47,8% des exploitations agricoles mahoraises contre près de 70% en 2010. Signe de ce déclin, les plantations continuent de vieillir et les variétés à être peu renouvelées, un mauvais présage pour l’avenir de ces cultures dans notre département.
Quant aux prix des fruits sur les marchés, ils ne sont pas aussi fluctuants que pour certains légumes, comme ceux de la tomate ou la salade qui peuvent varier du simple au triple. En 2015, l’ananas vaut en moyenne 2,86 euros, la coco 1,06 euro, le fruit de la passion 3,64 euros, la mangue nounou 1,9 euro.
11 millions d’euros de chiffre d’affaires estimé
Au total, qu’elle soit autoconsommée par les producteurs, vendue ou volée (environ 30% de la production), cette production fruitière serait de l’ordre de 50.000 tonnes chaque année dans notre département, pour un chiffre d’affaires estimé à 11 millions d’euros.
La DAAF compte affiner le recueil de ses données. Elle souhaite mettre en place un protocole pour répertorier au jour le jour, produit par produit, ce qu’une centaine d’exploitants sortent de leurs parcelles (ou estiment se faire voler). Nous disposerions alors de données fiables sur l’évolution des productions mahoraises.
RR
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