Elle est la lauréate du concours Jeunes Talents des créateurs d’entreprises de la BGE dans la catégorie «Service». Sandra Hodosy permet ainsi de mettre en lumière une partie de la vie des entreprises et des institutions dont on parle peu : la prévention des risques au travail.
Elle a monté son entreprise il y a un an et a choisi de passer par la couveuse d’entreprises Oudjerebou pour tester la viabilité de son projet. Spontanément, elle avait choisi d’orienter sa structure vers l’environnement, en lien avec sa formation initiale. «J’ai vite compris que ça serait compliqué. Et comme, à Mayotte, j’avais eu l’occasion de travailler sur les risques professionnels et que le sujet m’avait vraiment intéressé, j’ai élargi mes objectifs», explique Sandra Hodosy.
Sa société s’installe au moment où la question commence à être prise en compte par les entreprises. «Prendre en compte le risque professionnel, c’est une obligation pour répondre au marchés publics. Mais jusqu’à présent, la démarche concernait surtout les grandes entreprises», constate Sandra Hodosy.
Les petites structures qui comptent entre 1 et 10 salariés se sentent encore peu concernées. «La prévention est vécue souvent comme une charge, comme une contrainte alors que c’est un vrai plus pour les entreprises. Ca permet de réfléchir à de nombreux aspects de l’organisation du travail pour faire travailler les salariés dans de bonnes conditions», souligne-t-elle.
Des textes à transposer
Mais si les sociétés ne sont pas aussi réactives qu’on pourrait l’imaginer, c’est aussi que les textes sur la prévention des risques au travail ne sont pas encore transposés à Mayotte. «En métropole, on travaille sur le PST3, le plan santé au travail qui en est donc à sa troisième mouture. Il sera valable de 2016 à 2020», explique Christiane Pasquali, la directrice adjointe de la DIECCTE Mayotte. Il pourrait donc être appliqué chez nous avec la transposition du code du travail national à horizon janvier 2018 mais la DIECCTE n’a pas attendu pour plancher sur le sujet.
Elle travaille actuellement sur la question avec les partenaires sociaux, l’agence régionale de santé (ARS) et la caisse de sécurité sociale. «Il va falloir identifier des priorités en matière de prévention de ces risques au travail et faire consensus pour dégager des objectifs communs», souligne Christiane Pasquali.
La longue liste des préventions
Du risque électrique à la question des produits chimiques (en particulier l’utilisation de produits phytosanitaires), du secourisme à la gestion des déchets, la liste des sujets peut être longue. «On peut aussi penser aux risques machines. Les textes de conformité de machines dangereuses ne sont pas applicables à Mayotte et nous avons parfois un parc mahorais qui est un peu vieux», explique Christiane Pasquali qui rappelle qu’en métropole cette mise aux normes européennes a mis 10 ans à se réaliser.
«Les entreprises de nettoyage peuvent aussi être concernées, leur personnel manipule de nombreux produits, comme la javel par exemple, qui peuvent avoir des niveaux de toxicité à prendre en compte», souligne Sandra Hodosy.
En attendant la mise en place des textes, Sandra Hodosy a l’intention de continuer à se former grâce aux 3.000 euros de son prix pour ensuite, faire bénéficier ses clients d’un catalogue toujours plus large de prestations. Mais d’ores-et-déjà, ses services et formations sont éligibles à des aides auprès d’Opcalia et de la caisse de sécurité sociale. Sandra espère ainsi réussir à installer sa société dans le paysage économique de Mayotte sur le long terme.
RR
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